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L’ENSEIGNEMENT DES SCIENCES APPLIQUÉES

que l’École seule donne l’instruction nécessaire ou le diplôme recherché. J’ai entendu des hommes autorisés dire que pour être nommé professeur d’agriculture ou directeur de station agricole, il fallait sortir de l’Institut agronomique.

À défaut de monopole, l’esprit de camaraderie dont sont inspirés les élèves d’une même école constitue dans la lutte pour la vie une puissance redoutable aux étrangers. On ne peut blâmer cette généreuse solidarité, mais il ne faut pas s’étonner des plaintes de ceux qui en souffrent, ou qui croient en souffrir.

Il n’y a pas à mettre ici en discussion les avantages et les inconvénients des monopoles, mais il est nécessaire de constater qu’ils n’existent pas au même degré à l’étranger. En Belgique, l’École des mines est annexée à l’Université de Liège. Les cours sont faits par les professeurs de l’Université. C’est elle qui décerne les diplômes d’ingénieur. L’État choisit ses ingénieurs des mines parmi les diplômés de l’Université. Il en est de même pour les Ponts-et-Chaussées (Génie civil) dont l’École est annexée à l’Université de Gand.

On ne doit donc pas s’étonner de ne rencontrer dans les Universités françaises, ni les cours ni les laboratoires de science appliquée, que l’on trouve chez les nations où les écoles spéciales se confondent avec les Universités.

Ce long parallèle des caractères des Écoles et des Universités était nécessaire pour établir le rôle que doivent jouer les Universités dans l’enseignement des sciences appliquées. Les esprits simplistes, et il y en a beaucoup en France, penseront que les Écoles ayant toujours suffi à l’enseignement industriel et agricole, il n’y a pas lieu pour les Universités de s’en occuper ; qu’elles formeraient double emploi avec des institutions qui ont fait leurs preuves. Elles devraient donc rester dans la sphère désintéressée de la science pure. Les Universités et leurs amis ne peuvent accepter cette manière de voir ; à côté des Écoles, il y a place pour un enseignement scientifique appliqué que les Universités sont appelées à donner.

Pour bien juger de ce que doit être cet enseignement, il y a lieu d’examiner quels peuvent être ses programmes, quels seront ses élèves, quelle sanction on donnera à leur travail.

1o  Il est évident que le programme universitaire ne doit pas être copié sur celui des Écoles, puisque l’Université ne doit pas faire concurrence à l’École. D’ailleurs, son enseignement repose sur des principes essentiellement différents dans leur esprit, dans leur discipline et dans leur méthode.

L’esprit qui inspire l’enseignement supérieur universitaire ne peut être que celui qui anime les professeurs, celui de la recherche scien-