Page:Société de Saint-Augustin - Album des missions catholiques.djvu/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

consolation pour les associés de la Propagande de la Foi d’apprendre que les deniers envoyés, depuis soixante ans seulement, à leurs frères des États-Unis, forment déjà un total de plus de 24 millions de francs ! Que d'églises, de séminaires, d'écoles, de maisons religieuses, d'hôpitaux, etc., ont été élevés avec ce royal budget de leur charité ! Quelle satisfaction pour eux d'avoir contribué dans une si large mesure au merveilleux épanouissement de la vraie foi dont nous sommes actuellement les témoins !

Aujourd’hui que la situation de la plupart des diocèses américains est prospère, les évêques, se souvenant de l’assistance spirituelle et matérielle qu'ils ont reçue de l’Œuvre nourricière des missions aux jours difficiles du passé, se préparent à lui envoyer annuellement un généreux tribut de prières et d'aumônes, qui profitera aux peuples encore privés de la divine lumière de l'Évangile. Son Ém. le cardinal archevêque de New-York adressait, il y a quelques années, à ses diocésains, un pressant appel en faveur de la Propagation de la Foi. A la suite du vénérable archevêque, d'autres prélats ont également recommandé notre Œuvre, et tout fait espérer que ces exemples seront suivis dans tous les diocèses.

Pie VII avait créé six évêchés ; Léon XII ajouta deux noms à la hiérarchie des États-Unis : Mobile (1824) et Saint-Louis (1826).

Cependant, des rives de l’Ohio aux frontières du Canada, de l’Océan au Mississipi, le nombre des catholiques se multipliait. Le temps était venu de constituer, sur une base plus large, la première organisation ecclésiastique. Grégoire XVI, comprenant la nécessité d’imprimer aux travaux des missionnaires une impulsion plus forte, doubla le nombre des évêchés : Détroit (1832), Vincennes (1834), Dubuque, Nashville, Natchez (1837), Pittsburg, Little-Rock(1843), Hartford (1844). Dès l’année 1833, ce grand pape avait érigé Cincinnati en métropole. En même temps, il encourageait la réunion fréquente des membres de l’épiscopat dans des conciles, dont l’influence fut si efficace.

Si l’on cherche sur une carte les villes épiscopales déjà énumérées, on remarquera que toutes sont situées dans la partie orientale des États-Unis. Il ne faudrait pas en conclure que les immenses territoires du Far West, compris entre la rive droite du Mississipi et le Pacifique étaient alors entièrement privés des enseignements évangéliques. Plus d’un vaillant missionnaire parcourait déjà d’un pas intrépide, la croix à la main, les savanes du Texas, les forêts vierges du Territoire indien, les déserts de l’Arizona et du Nouveau Mexique, les plaines de l’Utah et du Nébraska, les abrupts sentiers des Montagnes Rocheuses, les versants aurifères de la Sierra Névada, les campagnes de la Californie : héroïques soldats qui reculaient au nord, à l’ouest et au midi les bornes du domaine de la sainte Église. Aussi, en 1844, Grégoire XVI sanctionnait ces lointaines conquêtes et les rattachait à un centre commun en choisissant la ville d’Orégon-City, près du rivage de l’Océan Pacifique, pour la résidence d’un vicaire apostolique. À la même époque, il envoyait des évêques à deux villes du nord, Chicago et Milwaukee, l’une et l’autre sur les bords du grand lac Michigan.

À l’avènement de Pie IX à la chaire de Saint-Pierre, les vingt-deux circonscriptions ecclésiastiques (21 diocèses et 1 vicariat) des États-Unis comptaient 1,164 prêtres, 1,267 églises ou chapelles et 1,300,000 catholiques. La longue énumération des quarante-neuf diocèses, vicariats ou préfectures, créés par lui n’apprendrait rien au lecteur. Contentons-nous de nommer les neuf évêchés, dont il fit des métropoles : Saint-Louis (1847) ; New-York, la Nouvelle-Orléans, Orégon-City (1850) ; San-Francisco (1853) ; Philadelphie, Boston, Milwaukee, Santa-Fé (1875).

À la fin de l’année 1869, cinquante-neuf prélats traversèrent l’Atlantique pour aller prendre part aux délibérations du Concile du Vatican. En 1875, l’un des plus vénérés et des plus aimés parmi eux prenait place pour la première fois dans l’auguste sénat de l’Église universelle : Mgr Mac-Closkey, archevêque de New-York, était revêtu de la pourpre romaine. En ouvrant les portes du Sacré-Collège à un membre du clergé américain, Pie IX accordait une faveur, plusieurs fois sollicitée par les présidents de l’Union, noblement jaloux de tout ce qui pouvait rehausser le prestige de leur pays. Il obéissait aussi à une inclination de son cœur.

En effet, pendant son règne mémorable, Pie IX ne cessa de témoigner sa sollicitude pour le bien spirituel des populations du Nord de l’Amérique. Les magnifiques progrès du catholicisme dans ce pays de liberté le comblaient de joie, et il pouvait répéter après Grégoire XVI, et avec plus de raison encore, que « dans aucun pays du monde, il ne se sentait plus pape qu’aux États-Unis. »

Lorsque, en 1878, le doux et bien-aimé Pontife s’endormit dans la gloire de ses épreuves, il pouvait consoler sa grande âme attristée des défections de la