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même du massacre, dans une vaste baie nommée Kalakekua, au sud de Hawaï.

Le P. Martial. — Dans l'île Maui, nous demandons l'hospitalité au P. Martial, missionnaire catholique. Il nous reçoit à bras ouverts et met à notre disposition les modestes ressources de sa cure ; de la poï, des bananes, des œufs et de la volaille.

Le P. Martial est un vrai type du missionnaire catholique aux îles Sandwich. Il n'y a pas moins de vingt ans qu'il réside dans l'archipel, et il s'est si bien identifié aux indigènes, qu'il a adopté leur manière de vivre. Il parle admirablement leur langue. Constamment mêlé à eux, il est devenu le guide et le conseiller des habitants de son village. C'est à lui qu'ils ont recours dans toutes leurs difficultés. Sa vie est une page détachée du livre de Télémaque. Sage et bon autant que simple dans ses goûts et modeste par nature, il a circonscrit son horizon au petit coin de terre qu'il habite. Un jardin entretenu avec peine lui fournit les légumes et les fruits nécessaires. Un peu de poisson, frais quelquefois, plus souvent séché au soleil à la mode canaque, et quelques voleilles, suffisent à ses besoins. Un Frère, âge et à peu près incapable de tout service actif, mais à qui il laisse


ILES SANDWICH. — BAIE DE KALAKEAKUA OU FUT MASSACRÉ LE CAPITAINE COOK AVEC SON ÉQUIPAGE EN 1779, d'après une photographie. (V. p. 5.)


croire qu’il lui est indispensable, est le seul compatriote avec lequel il puisse échanger quelques mots et parler de la France. Malgré cela il est heureux. Il aime ses ouailles, qui le lui rendent bien ; il aime aussi ce pays, dont il apprécie avec une poésie naïve le beau ciel, le climat admirable et les sites pittoresques. Il a vieilli ici, il y mourra, ayant fait du bien. Ses grandes joies sont l’entretien de sa chapelle, les petites bannières déployées les jours de fête, la pompe primitive de ses cérémonies, qui serait grotesque si elle n’était profondément touchante.

La musique aux îles Sandwich. — La musique est en grand honneur dans l’archipel hawaïen, grâce aux missionnaires catholiques.

Il y a soixante ans à peine, les indigènes menaient une vie des plus sauvages. Quant à leur chant, c’était une psalmodie monotone et lugubre dans laquelle leurs rhapsodes célébraient les exploits et les aventures des anciens chefs. Les premiers missionnaires, heureux de profiter des dispositions de ces insulaires pour la musique, leur apprirent à chanter des cantiques composés par eux-mêmes sur des airs connus.