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Grâce à cet apostolat, les sauvages ont bien changé. Plus des trois quarts sont catholiques, et la plupart excellents catholiques. À Saint-Joseph, au grand lac des Esclaves, sur une population de 500 sauvages, pas un seul n’omet ses devoirs religieux. Ils s’approchent des sacrements de pénitence et d’eucharistie, régulièrement au printemps et à l'automne. Dans les autres saisons, s’ils viennent aux postes de traite établis près de la mission, ils ne manquent jamais de se rendre d'abord à l’église pour adorer Notre-Seigneur et faire leur prière devant l'image de la sainte Vierge. Ils vont ensuite toucher la main au missionnaire et recevoir sa bénédiction. Après une courte conversation, ils demandent à se confesser, et le lendemain ils se présentent à la sainte table. Chez eux, il n'y a pas de respect humain en ce qui touche aux devoirs religieux.

Inutile d’ajouter qu’ils ont entièrement renoncé à leurs actes de barbarie. Maintenant le père et la mère aiment autant leurs filles que leurs fils. Sans recevoir encore toutes les marques de respect désirable, les vieillards ne sont plus abandonnés. La femme, autrefois traitée en esclave et en bête de somme, est aimée et respectée de son mari.

Tout cela est dû exclusivement à l’enseignement de la religion. Jusqu’à présent ils n’ont ni loi civile, ni magistrat, ni gouvernement ; et cependant, depuis l’arrivée des missionnaires, les crimes et les vols sont infiniment plus rares, proportion gardée, que dans les pays civilisés. Quand le missionnaire, voulant aider les sauvages à faire une bonne confession, les interroge sur quelques fautes graves qu’ils pourraient oublier, il arrive souvent qu’ils sont étonnée de ces questions et répondent : « — Mais, mon Père, maintenant que je connais la religion, que je sais que Dieu défend le péché, comment pourrais-je le commettre ? »


MACKENZIE. — FAMILLE D'INDIENS PEAUX-DE-LIÈVRE EN VOYAGE ET EN COSTUME D'HIVER, d'après une aquarelle d'un missionnaire oblat.


Un grand nombre de ces sauvages sont devenus très fervents. Dans plusieurs chrétientés où ces enfants des bois et des déserts ont leurs huttes de peaux groupés autour de la chapelle, ils se rendent exactement aux exercices de la missions. Dans les forêts ou le long des grands fleuves ou des grands lacs, ils ne sont pas moins fidèles à vivre en chrétiens. Ils font habituellement leurs prières du matin et du soir. Le dimanche, ils ont deux exercices religieux, chez le chef du camp, ou chez l'un des chrétiens les plus instruits. Là on récite les prières, on chante des cantiques, on lit un chapitre du catéchisme ou de l'abrégé de l'Écriture sainte traduits en leur langue. Soit à l'église, soit dans les huttes, hommes, femmes, jeunes garçons, jeunes filles, enfants, tous ensemble louent le Créateur par leurs prières et par leurs chants.

Songeant à ce qu'ils étaient autrefois avant l'arrivée des « hommes de la prière », et voyant le bien opéré parmi eux, ces sauvages apprécient mieux notre sainte religion et l'aiment davantage. Un sauvage disait à Mgr Clut : « — Lorsque le « priant » arriva pour la première fois dans l'Athabaska, mon père s'y rendit du grand lac des Esclaves pour l'entendre. A son retour, il nous raconta ce qu'il avait entendu, et , tout enfant que j'étais encore, j'eus grand désir de voir le prêtre. Enfin, quelques années après, le P. Faraud vint jusqu'au grand lac des Esclaves et nous prêcha. A mesure qu'il nous instruisait, il me semblait que je grandissais et que je prenais comme un nouvel être, un être spirituel, et voilà vingt-six ans que j'entends parler de la religion. Plus j'en entends parler, plus je la médite, et plus je me sens grand et élevé. »

Bon nombre de sauvages ont un véritable goût pour les vérités de la religion, et il arrive souvent qu'ils viennent trouver le missionnaire en particulier et lui disent : « — Mon Père, j'ai bien réfléchi à ce