discrétion du vainqueur, préférèrent la mort et se précipitèrent dans le gouffre. On voit encore au pied même du palé et dans les anfractuosités des rochers les nombreux ossements de ces héros, derniers défenseurs d’une cause perdue.
Mythologie. — Quelques-unes des divinités hawaïennes comme Kame, Ku, Hina, sont communes à plusieurs autres archipels de l’Océanie. Lono était la plus populaire aux Sandwich. Ce Dieu, afin d’oublier d’amers chagrins domestiques, s’était embarqué pour des pays étrangers sur une pirogue triangulaire, en annonçant que plus tard il reviendrait puissant et glorieux à Hawaï. Après avoir longtemps et impatiemment attendu son retour, les indigènes crurent le reconnaître dans la personne du capitaine Cook, lors de son arrivée à Hawaï en 1779.
Pénétrée d’un profond sentiment religieux à l’égard du célèbre voyageur, toute la population le reçut avec le plus grand enthousiasme et le combla, lui et son équipage, de présents pendant plusieurs mois.
Au lieu de profiter de leur grossière erreur à son sujet pour essayer de leur faire connaître le vrai Dieu, le capitaine, par politique, cupidité et vanité
peut-être, se prêta sacrilègement à ces différentes
apothéoses idolâtriques et ne craignit pas de siéger
dans les temples, au milieu des idoles les plus vénérées
et de recevoir les sacrifices. Mais la main du Dieu
jaloux qui, dans une circonstance analogue, frappa
l’impie Antiochus, ne tarda pas à s’appesantir sur le
capitaine anglais. La population, appauvrie par ses
dons volontaires et les exactions incessantes des
équipages, craignant d’un autre côté les débordements
des blancs, changea de disposition. Des démêlés et
des luttes survinrent entre les indigènes et les étrangers.
Bon nombre périrent victimes de leur audacieuse
confiance. Le prétendu dieu Lono lui-même, ayant
poussé quelques sourds gémissements arrachés par
la douleur après une blessure reçue dans la mêlée, fut
aussitôt assommé par un chef qui comprit que le nouveau
venu n’était pas celui qu’ils attendaient, puisqu’il
était blessé et se plaignait comme un simple mortel.
Telle fut la fin malheureuse et tristement tragique
de ce fameux voyageur que les indigènes continuent
toujours à appeler Lono, et à qui quelques résidents
de sa nation ont élevé une petite pyramide sur le lieu