AMÉRIQUE DU NORD.
« Combien de dangers la nature et les hommes leur préparaient dans ces sauvages contrées ! s'écrie l'historien Bancroft. Affronter la rigueur d'un climat
nouveau, traverser les fleuves, voyager sur la neige
sans pouvoir se réchauffer, n’avoir pour nourriture
qu’un peu de maïs écrasé sous une pierre, ou
même quelquefois la mousse des rochers, travailler
sans relâche, être obligé, pour ainsi dire, de vivre
sans aliments et de dormir sans lieu de repos, ne
pouvoir pas compter sur un jour d’existence, être
exposé à toute heure à
périr par les flammes ou
sous le tomahaw : telle
est la vie qui, cependant,
donnait à ces héros d’ineffables
consolations.
Que de fois, sans doute,
sur leur dur oreiller de
pierre, eux aussi, comme
le patriarche Jacob, ils
sentirent l’encourageante
présence de l'Éternel !
Que de fois les vieux
chênes à l'ombre desquels
ils s'asseyaient
pour se reposer, furent
pour eux le chêne de
Mambré, sous lequel
Abraham partageait son
pain avec les anges du
ciel ! »
Leur sang féconda le champ de leur apostolat. Les noms d'Isaac Jogues, de Jean de Brémeuf, de Gabriel Lallemand, pour ne nommer que les plus illustres, sont au martyrologe de cette Église naissante. Ibo et non redibo, écrivait le P. Jogues, en partant pour son dernier voyage chez les Mohicans.
Chacun de ces hommes savait qu'il était baptisé pour le martyre. « Mais déjà morts au monde, dit le même historien, et possédant leur âme dans une paix