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comme par enchantement, des rues et des routes sont tracées, des prairies sont formées, où moutons et bêtes à cornes trouvent bientôt une abondante pâture. La race anglo-saxonne, par sa ténacité, a réalisé ici des prodiges. Quantité de pauvres gens, qui ne pouvaient pas vivre dans leur pays, ont réussi à se créer ici des ressources, une honnête aisance, et même quelques-fois la richesse, à force de travail, de privations et d’énergie. On rencontre parmi eux des gens de toutes les nations, et aussi de toutes les dénominations religieuses possibles, ayant leurs chapelles particulières. Tous vivent en bons voisins, et suivent leurs religion sans s’inquiéter beaucoup de celle des autres.

Les gorges de Manawatu sont un des endroits les plus pittoresques de cette partie de la Nouvelle-Zélande. La rivière Manawatu, grossie d’une quantité d’affluents qui viennent du sud, de l’est et du nord, a réussi à se creuser un lit profond entre les monts Ruahine au nord, et les monts Tararua au sud : ces monts s’élèvent de 4 à 5.000 pieds au-dessus du niveau de la mer. Le pont jeté sur ce torrent n’étant pas achevé, nous descendons de voiture et montons dans une corbeille qui, roulant sous un câble de fer suspendu entre les deux rives, nous transporte rapidement


WELLINGTON, CAPITALE DE LA NOUVELLE-ZÉLANDE, PARTIE SEPTENTRIONALE


à l’autre bord. Au delà, le chemin est des plus pittoresques ; il domine le fleuve. Sur la rive gauche, le gouvernement a ouvert une route sur le flanc de la montagne, d’où elle surplombe la rivière de 60 à 120 pieds. Cette route n’a pas plus de dix à douze pieds de large. Dans certains endroits, quand il faut franchir un affluent, on a jeté une sorte de pont sur l’abîme. Il serait difficile deux voitures de se croiser, et il faut au conducteur de l’habileté et une vigilance continuelle pour maintenir ses chevaux au milieu de la route, surtout aux tournants. La moindre imprudence briserait la voiture contre la montagne, qui d’un côté s’élève à une grande hauteur, ou, de l’autre, la précipiterait avec les chevaux et les voyageurs dans la rivière à une profondeur que l’œil n’aime guère à considérer. Dans l’un et l’autre cas, il y aurait danger de ne pas se relever. Dès qu’on entre dans ces fameuses gorges de Manawatu, longues de 9 à 10 kilomètres, on remarques généralement que les voyageurs parlent très peu ; on n’entend guère que les exclamations d’étonnement et d’admiration devant le panorama qui se déroule sous les yeux.

De vastes plaines, parsemées de troupeaux de moutons, nous conduisent jusqu’à l’entrée du « Seventy