Page:Société de Saint-Augustin - Album des missions catholiques.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

choses, le Calédonien préfère du tabac à des étoffes : il serait obligé de partager celles-ci ; le tabac, il le fume et tout est fini. »

Tant que les Néo-Calédoniens habitèrent seuls leur archipel, ils ignorèrent complètement l’usage de toute liqueur fermentée. Aussi quand les Européens, fixés sur un point de l’île, ou visitant la côte en embarcation, venaient leur offrir de l’eau de vie, ils la repoussaient avec dégoût ; car, après y avoir trempé le bout des lèvres, ils s’essuyaient la bouche et se disaient entre eux : « Oué, teil, mouang. C’est de l’eau qui brûle, mauvais. » Ce temps de légitime frayeur est déjà loin de nous, et aujourd’hui nous ne rencontrons que trop de noirs dont le gosier est moins susceptible. Des exemples pernicieux et fréquents, hélas ! ont produit leur effet.

Avant l’arrivée des Européens en Nouvelle-Calédonie, cette grande île était privée des animaux qui entrent pour une si large part dans l’alimentation de l’homme, tels que bœufs, moutons, porcs, chèvres. Les ressources de la basse-cour, poules, canards, oies, etc. y étaient également inconnues. L’indigène


NOUVELLE-CALÉDONIE. — HÔTEL DU GOUVERNEUR A NOUMÉA.


ne tirait de la terre que des végétaux fournissant un menu fort simple : taros, bananes, cannes à sucre et ignames.

Cette absence complète d’animaux domestiques ou sauvages devait donc nécessairement amener les indigènes à mettre à profit les ressources de la mer. Aussi trouvons-nous chez eux l’exercice de la pêche pratiqué sur une large échelle ; hommes, femmes et enfants s’y livrent avec ardeur. Les femmes ont en partage la pêche aux crabes, aux oursins, aux poulpes et autres mollusques. La pêche proprement dite, la grande pêche des poissons, est réservée aux hommes.

Usages bizarres et cruels. — À la mort d’un insulaire a lieu un festin. Lorsqu’un Canaque est malade, ses parents n’attendent pas toujours qu’il soit mort pour fixer le jour du festin de ses funérailles : la fête est arrêtée à l’avance. On prépare les vivres, on invite les amis pour le jour choisi, sans que le malade ait été consulté. C’est à lui de prendre ses précautions pour décéder en temps opportun, car, le jour dit, on le pleurera bel et bien, et on fera le festin en son honneur. Comme il serait désagréable pour lui d’assister à sa fête, s’il n’expire pas assez tôt, on lui vient en aide, on l’étouffe. Cette atrocité