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fortes palissades, formées de troncs d'arbres, ferment les différents parcs pour les grands bestiaux, pour les brebis et pour les chevaux. Enfin tout au haut de la charmante colline où s'étagent ces bâtiments de formes et de destinations si diverses, l'on distingue à travers les acajous et les eucalyptus un petit ermitage dédié à la Reine du Ciel, et dont le léger campanile surmonté d'une crois domine toute la contrée.

Les sauvages australiens, habitués à la vie de chasse dans les bois immenses de leurs pays, ne pouvaient être assujettis, après leur baptême, à une vie trop sédentaire. La sollicitude paternelle du fondateur de la Nouvelle-Nursie a su y pourvoir. « De temps à autre, écrit Mgr Salvado, j’envoie les nouveaux convertis et les jeunes gens de la mission passer une semaine ou deux dans les vois, sans autres provisions qu'une peu de farine dans un sac. Ils doivent se procurer le reste de leur nourriture par la chasse et coucher sur la terre dans de petites huttes, construites de leurs propres mains avec des branchages. j'obtiens, par ces petites excursions, deux excellents résultats : je fortifie leur tempérament, qu'une vie trop renfermée aurait, pour cette première génération, promptement épuisé, et je leur fais comprendre, par le contraste, tous les avantages de la vie de famille que l'on mène à la Nouvelle-Nursie. »


NOUVELLE-NURSIE. — BATTEUSE A VAPEUR SERVIE ET DIRIGÉE PAR LES AUSTRALIENS, d'après une photographie.


Mais il y a aussi des expéditions forcées qui ne leur sont pas moins utiles. Dans les mois des grandes chaleurs, il faut parfois aller chercher assez loin des pâturages pour la subsistance des brebis. Ce sont des migrations nécessaires, comme pour les troupeaux transhumant de la Provence. On choisit alors dans les bergeries des brebis bien vigoureuses, que l'on envoie en avant. Peu après, arrivent en longues files les grands troupeaux de la mission ; mais tout est préparé par les recevoir et les parquer, et pour que les bergers et leurs familles puissent passer le temps de l'estivage sans trop de fatigues. On le voit, c'est le mode primitif de vivre et de voyager, employé, il y a près de quatre mille ans, par les patriarches Abraham, Isaac et Jacob, dans les plaines du pays de Chanaan.

Ce mélange de vie nomade, pastorale et agricole, maintient très heureusement la santé générale des Australiens de la mission et les habitue doucement aux mœurs des pays civilisés.

La Nouvelle-Nursie est déjà une petit cité et, un jour peut-être, elle deviendra un grand centre de population, comme beaucoup de nos ville d'Occident qui ont commencé par un monastère. Les résultats obtenus paraîtront d'autant plus admirables, que l'on sait dans quel état de dégradation se trouvaient les Australiens avant l'arrivée des moines espagnols.