Page:Société de Saint-Augustin - Album des missions catholiques.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais ils conservèrent l’espoir d’y retourner, sitôt que la bénédiction divine, attirée par le sang des martyrs aurait disposé ces peuples à recevoir la bonne nouvelle du salut.

Mais le sang généreux de ces Martyrs a crié miséricorde et attiré sur ces infortunées populations des grâces de salut. Les efforts tentés récemment ont enfin abouti ; la croix est maintenant arborée sur plusieurs points de ces archipels inhospitaliers.

C’est hier que les PP. Capucins espagnols abordaient aux îles Carolines, le P, Navarre dans la Nouvelle Bretagne, et le P. Vérius dans la Nouvelle Guinée. Notons les impressions de ces hardis apôtres en mettant le pied sur ces terres dévorantes.

La prise de possession de la Nouvelle Guinée par les missionnaires catholiques est de date trop récente (4 juillet 1885) pour que les annales de l’apostolat puissent nous offrir sur ce monde nouveau autre chose que de rapides croquis.

On nous permettra, à raison de l’intérêt qu’elles offrent, de détacher du journal de bofd du P.Vérius, les pages relatant les émouvantes péripéties des dernières journées de sa traversée et de sa première installation dans la grande île.


MÉLANÉSIE. — HABITATION D'UN CANAQUE A LA NOUVELLE GUINÉE, d'après un croquis de Mgr. Navarre. (Voir p. 31.)


Le missionnaire partit, le 19 juin, de Thursday Island, l’une des îles du détroit de Torrès, sur une petite barque de pêche. L’océan était furieux, aussi la navigation fut elle des plus pénibles.

« Vers le soir du 20 juin, raconte le P. Vérius, la mer devint tellement grosse que nous dûmes ancrer derrière l’Ile-Double. Nous en profitâmes pour descendre à terre et faire nos exercices de piété ; car, à bord, impossible de lire ou de parler, on ne peut songer qu’à une chose : se tenir ferme aux mâts et aux cordages, sous peine de prendre un bain forcé et de faire une visite aux poissons. La soirée fut belle ; après nous être reposés un peu à terre, nous plantâmes une croix dans cette île déserte, nous y fîmes notre lecture spirituelle, notre prière, et, après une courte réfection, nous retournâmes à bord. Le lendemain la mer fut meilleure, le surlendemain aussi, mais la nuit venant, nous étions toujours obligés de chercher un refuge derrière une île quelconque. L’île Jorke parut enfin à l’horizon et près d’elle, au mouillage, le « Gordon »