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qui possèdent chacun une belle église en pierres.

Tuuhora, chef-lieu d'Anaa, est aussi la résidence du régent de l'archipel. Placé à l'entrée du lac, autour duquel l'île s'étend comme une ceinture, et dominant la passe du lac, Tuuhora tient la clef de cette mer intérieure. Il est le débarcadère et l'entrepôt général des Paumotous.

Le supérieur de la mission a choisi Tuuhora pour sa résidence ordinaire, pour le centre de l'administration ecclésiastique de l'archipel et pour le rendez-vous des missionnaires et des fidèles à certaines solennités religieuses. En 1851, Mgr Jaussen baptisa dans


OCÉANIE. — ÇAKOBAU, DERNIER ROI DE FIDJI ; d'après une photographie (Voir p. 24)


l’église de Tuuhora Auguste Teina, alors régent des îles Paumotous, dont l’exemple entraîna la conversion de plusieurs autres dignitaires du pays. Cette église est en chaux ; elle a été bien des fois recrépie et badigeonnée à neuf. Depuis la construction de l’église en pierre, elle sert de chapelle pour les catéchismes.

La case en branches de cocotier, que représente la gravure page 13, fut la première demeure des missionnaires catholiques à Témarié.

C’est dans ce presbytère primitif que fut inaugurée la mission d’Anaa ; c’est à l’ombre de ces cocotiers baignés par les flots de l’océan Pacifique,que la Bonne Nouvelle fut annoncée, pour la première fois, aux habitants d'Anaa. Le grain de sénevé a été jeté là ; il s'est développé bientôt, et il couvre maintenant l'île toute entière. En quelques mois, les RR. PP. Clair Fouqué et Benjamin Pépin eurent gagné une soixantaine de néophytes. Le R. P. Albert Montinon, aujourd'hui à Molokai, qui est représenté, p. 13, debout, sous un cocotier, exerça aussi son zèle dans ce district. La chapelle était alors située à une centaine de mètres derrière le presbytère, dans un bois de cocotiers. Comme celle de Tuuhora, elle était en chaux et recouverte en feuilles de cocotier. Le district de Témarié n'est séparé de celui de Tuuhora que par la passe du lac et une bande de récif longue d'environ un mille et demi. C'est le premier village que les navires venant de Tahiti aperçoivent à Anaa.

Dans ce district de Témarié, d'où ils sont partis pour entreprendre la conquête religieuse de l'île, les missionnaires poursuivent aujourd'hui les restes du mormonisme réfugiés au fond des bois de cocotiers.

Iles Fidji. — De ces lointains parages de l'Océanie orientale, portons-nous maintenant au nord-ouest. Nous traversons, sans nous y arrêter, la préfecture apostolique des îles Fidji administrée par les RR. PP. Maristes, îles célèbres par la barbarie de leurs habitants et par le génie de leur roi Çakobau.

Çakobau est la grande figure historique de l'archipel des Fidji ; c'est le Louis XI en raccourci, à la fois violent et rusé, de ces contrées lointaines. Par une politique souvent habile, toujours cruelle, mais dont les missionnaires protestants anglais ont absous les excès par le baptême, Çakobau réussit à étendre sa souveraineté sur la presque totalité des trois cent soixante îles, flots ou rochers qui composent l’archipel et sur 150,000 insulaires qui le peuplent.

Les faits d’anthropophagie et de barbarie abondent dans la vie de ce roi cannibale ; pendant plus de trente ans, il ne passa peut-être pas de semaine sans festin de chair humaine. Aussi n’est-il pas étonnant de l’entendre répondre aux capitaines de navire de guerre, anglais ou américains, qui visitaient de temps à autre ces îles, et qui le sommaient de mettre fin à ses repas d’anthropophages :

« — Vous autres papalagis, vous avez des bœufs, voilà pourquoi vous ne mangez pas les hommes ; pour moi, les hommes sont mes bœufs. »

Jusqu’en 1850 et plus tard encore, telle fut l’existence de Çakobau, qui était roi de fait, quoique son vieux père Tanoa en retint le titre. Les ministres