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« La réception des Européens avait eu lieu, la veille (27 août), à l’évêché, en présence des missionnaires de Tahiti et des îles Paumotous, des Frères de Ploërmel, de leurs élèves et des Sœurs de Saint-Joseph de Cluny. Outre les catholiques, parmi lesquels se trouvait M. le capitaine d’artillerie français, nommons M. Miller, consul anglais, et madame Miller, et le consul américain. M. Wilkens, consul d’Allemagne, retenu par la maladie, avait exprimé, dans une lettre, son regret de ne pouvoir se rendre à la fête.

« Le lendemain, Mgr Jaussen, en cappa magna, accompagné des prêtres et des Frères de la mission, de tous les catéchistes du vicariat et d’une foule de catholiques et de protestants, s’est rendu, au son des cloches, à l’église de Papeete. Après la messe pontificale, il retourna à l’évêché, accompagné du même cortège. Il y reçut les hommages, les fleurs et les dons en nature des peuplades des différents districts. Le district de Papeete offrit à Mgr le vicaire apostolique une nouvelle cappa magna en papyrus jauni de terra merita et ornée de fines fleurs blanches provenant de l’écorce intérieure de la tige du giraumont.

Arii-Ané, fils de la reine et héritier présomptif de la couronne, fit, quoique protestant, et avec le consentement de la reine, une visite à Mgr Jaussen, qui l’invita à dîner. Arii-Ané accepta l’invitation, ainsi qu’un catholique, son parent, et le chef ministre protestant de Faau.

Le dîner fut servi en plein air, à l’ombre de feuilles de cocotiers disposées sur une charpente. Arii-Ané était à la droite de l’évêque. En même temps, les Tahitiens et Paumotous, catéchistes et autres, prirent aussi leur repas sous les arbres de l’évêché. La fête s’est terminée par des jeux et des himenés chantés en l’honneur de Mgr Jaussen.

À cause de son grand âge, ce prélat a obtenu en 1882 un coadjuteur, Mgr Verdier, évêque titulaire de Mégare.




ÉVÊQUES DE LA SOCIÉTÉ DU SACRÉ-CŒUR D’ISSOUDUN.
Mgr Navarre (André),
évêque titulaire de Pentacomie, vicaire apostolique de
la Mélanésie et administrateur du vicariat apostolique
de la Micronésie.

Le 30 novembre 1887, fête de saint André, apôtre et patron de Mgr Navarre, avait lieu dans l’église paroissiale d’Issoudun, le sacre de ce zélé missionnaire par Mgr Marchal, archevêque de Bourges.

Nous détachons de la circulaire par laquelle Mgr Marchal faisait part à son clergé de l’auguste cérémonie, les lignes suivantes tout à l’honneur du nouvel évêque et de la vaillante Société dont il est le premier membre élevé à l’épiscopat.

« Au mois de septembre 1881, je bénissais le R. P. Navarre, ainsi que ses trois coopérateurs, et je les voyais avec confiance partir sous la protection de Notre-Dame du Sacré-Cœur. Le voyage dura treize mois, et ce fut au prix de fatigues inouïes et à travers des périls qui font penser à ceux qu’énumérait saint Paul, que ces missionnaires abordèrent enfin à la Nouvelle-Bretagne, et ensuite à la Nouvelle-Guinée.

« Je ne puis vous faire un récit, même abrégé, des débuts de leur ministère dans ces contrées étrangères à tout enseignement religieux.

L’avenir de la mission paraît assuré. Elle se développe rapidement et c’est pourquoi le Saint-Père vient de donner à cette mission un évêque, c’est-à-dire un centre qui en reliera toutes les parties, et d’où s’étendront jusqu’aux extrémités du royaume qu’il faut soumettre à JÉSUS-CHRIST, l’impulsion, la direction et la surveillance.

« C’est un des nôtres que le doigt de Dieu a désigné pour ce poste avancé de son royaume ici-bas ; c’est un fils de Notre-Dame du Sacré-Cœur que votre archevêque va sacrer de l’huile sainte qui fait les pontifes.

« Le R. P. Navarre est membre de la Société des missionnaires d’Issoudun, et, s’il est né dans un autre diocèse, il appartient à celui de Bourges par son éducation cléricale et par son ordination. La voix de Dieu l’a fait sortir des rangs du clergé séculier, pour l’attirer, semble-t-il, plus près du cœur de Jésus, en le faisant entrer dans une société qui lui est plus spécialement dévouée. Là, dans l’austérité et les travaux de la vie religieuse, il a préludé aux travaux plus pénibles et plus glorieux auxquels le destinait la Providence.

« Le choix du Vicaire de JÉSUS-CHRIST est allé surprendre le R. P. Navarre au milieu de ses travaux, et il le ramène au berceau de sa vocation ecclésiastique et religieuse. C’est avec émotion que je l’ai revu, épuisé déjà par les fatigues d’un apostolat pour lequel tout est à créer, et où l’existence même du missionnaire est rarement assurée pour plus d’un jour. Il est revenu, pour retourner bientôt à son poste d’honneur et de dévouement, avec un caractère plus élevé et des grâces nouvelles. »