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sa joie et sa couronne. Il est donc reparti pour consacrer les dernières années de sa vie à ses néophytes, pour mourir et reposer au milieu d’eux. »

Ces vœux, souvent manifestés par le vaillant évêque, reçurent leur accomplissement trois ans après.

Le 26 mars 1877, le prélat ayant eu une faiblesse, les missionnaires crurent prudent de l’inviter à recevoir les derniers sacrements, dans la nuit, pour ne pas effrayer la population. « — Oh ! pas du tout, reprit-il, vous m’administrerez en plein jour, à l’église, et, autant que possible, devant toute la population. »

Le lendemain donc, on se prépara à cette triste cérémonie. Mgr Bataillon était seul calme et sans tristesse. Comme on l’aidait à s’habiller : « — Allons, Père Ollivaux, dit-il en souriant, arrangez-moi bien ; faites que je sois beau ; c’est un grand jour pour moi. Il y a des jours solennels dans la vie ; celui-ci est un de mes plus grands jours, c’est le jour de ma dernière communion. »

Les préparatifs terminés, on porta Monseigneur à l’église, où il entendit la sainte messe. Il reçut ensuite, avec la plus grande piété, les derniers sacrements des mains du P. Bouzigue, son confesseur. Après chaque onction,le pieux prélat répétait cinq ou six fois : Amen ! Il voulut qu’on lui appliquât l’indulgence de la bonne mort. Lorsque, la cérémonie terminée, Mgr Bataillon fut reporté au presbytère, il bénissait en pleurant la foule de ses enfants rassemblés.

Le prélat languit encore une dizaine de jours. Il mourut le 10 avril à une heure du soir.

Le prélat défunt fut revêtu de ses ornements pontificaux, et, ainsi paré, son corps fut d’abord exposé dans la chapelle des Sœurs. Vers le soir, il fut transféré dans l’église de Notre-Dame à Matautu ; les fidèles de cette paroisse et ceux de Hihifo y passèrent la nuit en prières. D’heure en heure, chaque village, en signe de deuil, faisait entendre une détonation de coups de fusil. Mgr Bataillon avait fait connaître sa volonté expresse d’être enterré à Mua, dans l’église de Saint-Joseph. N’est-ce pas là qu’il avait tant travaillé et tant souffert pour la conversion de l’île ? N’est-ce pas là qu’il avait reçu la consécration épiscopale, à l’endroit même où s’élève aujourd’hui la belle église ? Pendant la nuit elle fut tendue de noir ; on improvisa un catafalque, tandis que les meilleurs ouvriers creusaient et préparaient un tombeau.

Le lendemain, 11 avril, le cortège funèbre arrivait à Mua vers huit heures. Après l’absoute solennelle, le corps de Mgr Bataillon fut placé dans un cercueil que la reine Amélia voulut orner de nattes fines. Son tombeau est dans le sanctuaire, à l’endroit même où le prélat avait son trône. Les habitants de Mua possèdent, comme un précieux trésor, le corps de l’apôtre de l’Océanie centrale.

Mgr Bataillon était né à Saint-Cyr-les-Vignes (diocèse de Lyon), le 6 janvier 1810.




Mgr ELLOY (Louis),
de la Société de Marie,
évêque titulaire de Tipasa, deuxième vicaire
apostolique de l’Océanie centrale.
(1829-1878.)

Nous venons de voir dans quelles circonstances ce vaillant missionnaire fut élevé à l’épiscopat.

Mgr Elloy était né le 29 novembre 1829 à Servigny-lès-Raville (diocèse de Metz). Il avait fait profession dans la Société de Marie, le 17 décembre 1852, puis enseigné la philosophie au collège de Langogne (diocèse de Mende) et rempli les fonctions de sous-directeur au noviciat de Lyon.

Au mois de mai 1856, il lui fut enfin permis de faire voile vers cette Océanie qui avait ravi son cœur ; le 24 novembre suivant, il abordait à Apia, capitale de l’archipel de Samoa. Cette mission, qui eut les prémices de son zèle, eut aussi les préférences de son affection. Tous ceux qui ont approché Mgr Elloy, l’ont entendu parler avec une complaisance vraiment maternelle de ces peuplades dont il vantait le doux idiome et les mœurs relativement polies. Devenu évêque, il redoubla de zèle et de dévouement ; il évangélisa successivement plusieurs archipels ; sa parole ardente et l’exemple de ses vertus apostoliques mirent partout en honneur notre sainte religion et lui gagnèrent une foule de prosélytes.

Cependant, au milieu de ses travaux, les intérêts de la mission appelèrent en Europe Mgr Elloy ; il arriva en France au mois de janvier 1868. Son grand désir était de partir au plus tôt. La terre de notre continent, disait-il, lui brûlait les pieds. Mais Dieu en disposa autrement ; les affaires traînèrent en longueur et le retinrent deux ans, non sans mettre sa patience à l’épreuve.

Au moment où le saint prélat se disposait à retourner en Océanie, le Concile du Vatican allait ouvrir ses solennelles assises que le monde catholique attendait avec une espérance mêlée d’anxiété. Il répondit à la