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travail que le missionnaire voulait écouter jusqu’à sa dernière heure. Lorsqu’elle fut proche, l’évêque commanda de le porter dehors, sous un arbre à pain. Là, il se fit étendre sur une natte, le visage tourné vers l’église, et il expira en présence de son peuple, et aussi en présence de cette église et de ce collège, où il avait placé les dernières affections de son cœur et les dernières sollicitudes de sa vie.

Une pierre a été élevée sous cet arbre. Elle indiquera au peuple de Wallis que là est mort celui dont Dieu s’est servi pour les appeler à son admirable lumière.

Rotuma. — Au couchant, Rotuma, l’île aux sept royaumes. Chacun d’eux a un roi. Au-dessus des sept potentats qui gouvernent, est un huitième chef qui porte le titre de roi des rois. La population des sept minuscules empires de Rotuma ne dépasse pas 2,400 âmes.

Tonga. — Au sud, l'Archipel des Amis, où l'abordèrent en 1837 les premiers missionnaires catholiques. Les trois groupes qui composent cet archipel sont ceux de Tonga, de Hapai et de Vavau.

L’île capitale du royaume est Tonga-Tabou, c’est-à-dire Tonga la Sainte ou la Sacrée, île basse, dont la plus grande élévation ne dépasse pas 70 pieds. Elle n’a pas la plus petite source d’eau courante ; néanmoins c’est une terre très fertile, très bien boisée, et couverte d’une brillante végétation. Les courses que l’on y fait sont comme des promenades à l’ombre de bosquets touffus. Sa forme est demi-circulaire ; une ceinture d’îlots verdoyants qui l’entourent vers le nord, et la chaîne de récifs qui la protègent contre les tempêtes de la mer, lui donnent un aspect riant et plein de charmes pour l’étranger. Tonga a de belles baies dans l’intérieur des récifs ; mais les palétuviers qui parent ses rives, le corail et les madrépores qui poussent sous les eaux, remplissent petit à petit


ANAA (Iles Paumotous). — PREMIÈRE DEMEURE DES MISSIONNAIRES A TÉMARIÉ. (Voir p. 24.)


ces rades si gracieuses. Telle baie, où les navires de fort tonnage pouvaient venir mouiller, il y quelques années, n’est plus accessible, même aux chaloupes, lorsque la marée est basse. La longueur de l’île est à peu près de dix lieues, et sa largeur de deux à trois ; sa population, autrefois considérable, ne dépasse guère 7,000 âmes aujourd’hui.

Depuis quelques années, les immigrants envahissent Tonga ; la moitié du littoral est déjà occupée par les trafiquants. Un mouvement irrésistible entraîne Tonga vers les usages européens. « Les constructions, écrivait en 1876 le R. P. Lamaze, aujourd’hui évêque et vicaire apostolique de la mission, surgissent comme par enchantement sur notre rivage. Le palais du roi Georges est vraiment beau ; celui de son fils Uga ne lui cède guère. J’en dirai autant de ceux de nos commerçants ; mais tous sont éclipsés par le palais de Misi Beka, le Révérend Baker. On va construire trois grands temples aux ports de Tonga, de Vavau et de Haapaï. Nous sommes entraînés ; aussi, je suis sûr que, quelque belle que soit notre future église, nous regretterons de ne pas l’avoir faite plus belle. Je dispose tout pour sa construction. Il me faut un char pour les gros transports. Et, lorsque j’aurai les harnais, qui me donnera le cheval ? On m’avait fait cadeau, à Sydney, d’un bon cheval de trait, et on l’avait embarqué sur un trois-mâts. Je le voyais déjà attelé à mon char et traînant les gros bois de mon église. Hélas ! la traversée fut longue, les vents furent mauvais ; la pauvre bête fut blessée, prit le mal de mer, finit par périr, et il fallut la jeter à l’eau. Elle était belle, forte, docile, sans défauts, à ce que l’on m’en a dit pour me consoler. Ce qui est hors de doute, c’est que, au lieu de recevoir ce précieux cadeau, j’ai dû débourser 600 fr. pour le transport, la boîte et les vivres du cheval. »