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furent consacrés à fonder des établissements d’éducation destinés aux sauvages, sur les confins de l’Uruguay et de la République Argentine. On éleva des hospices pour recueillir les enfants pauvres et abandonnés. On établit quelques séminaires pour y réunir des enfants capables de recevoir une instruction et une culture plus spéciales et pour développer en eux la vocation ecclésiastique.

La multiplication des maisons rendit indispensable l’augmentation du personnel. Chaque année on fit l’Amérique du sud. Sur divers points, on commença des missions dans le voisinage des Indiens. Elles eurent un bon succès et plusieurs centaines d’enfants et d’adultes furent instruits et reçurent le baptême.

Dans le but de pénétrer plus avant, on décida de profiter d’un bateau du gouvernement, qui devait se rendre au Rio Negro.

Le navire partit au mois de mai 1870. La navigation semblait devoir être heureuse ; mais à peine nos voyageurs furent-ils dans la haute mer, qu’une terrible bourrasque bouleversa les ondes de l’Atlantique. Après treize jours d’efforts inutiles et de périls, ils durent s’’abandonner aux vents qui repoussèrent le bateau au lieu même d’où ils étaient partis. Ce ne fut que par une protection toute spéciale du ciel, que les missionnaires et les autres voyageurs purent échapper à la mort.

Bien loin de perdre courage, les missionnaires voulurent faire une nouvelle tentative par voie de terre. Dans ce but, l’année suivante, le prêtre Jean Costamagna, le docteur Antoine Espinosa et un catéchiste


Dom JEAN BOSCO, fondateur et supérieur général des Missionnaires de Saint-François de Sales de Turin, chargés de l'évangélisation de la Patagonie.


se mirent en route à travers les Pampas. De grandes consolations les y attendaient. Ils purent parler à divers caciques (chefs de tribus), faire entendre le nom de JÉSUS aux habitants de ces immenses déserts, jusqu'alors inconnus, et donner le baptême à cinq cents sauvages.

Enfin, après Quarante-cinq jours de voyages à travers des terres inexplorées et innommées, ils purent, non sans difficulté, franchir le Rio Colorado, le Rio Negro, et entrer dans la Patagonie proprement dite, objet de leurs constantes aspirations. Le gouvernement de la République d'Argentine protégea cette périlleuse expédition, entreprise sur une étendue de plus de deux mille kilomètres.

Les missionnaires s’arrêtèrent sur les rives du Rio Negro, au 40° degré de latitude sud.

On trouve là divers marchés où les étrangers ont coutume de se rendre pour vendre, ou plutôt pour échanger du vin, des liqueurs, du pain, contre les fruits de ces pays ou des travaux exécutés par les Indiens. Ces objets sont ensuite transportés dans les autres parties de l’Amérique et même en Europe où leur rareté les fait rechercher. Les missionnaires s’établirent donc à Carmen, terrain découvert où les sauvages et les étrangers se rencontrent.

Les Patagons et quelques Européens déjà fixés dans le pays, accueillirent les Pères avec joie ; cette sympathique réception leur permit de traiter avec les chefs, d’examiner la condition des habitants et de reconnaître la possibilité d’établir des colonies. Puis, après les précautions nécessaires pour rester en bonne intelligence avec les Indiens et après leur avoir promis