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a fait bâtir sous le vocable significatif de Sainte-Croix in extremis terræ.

Saluons aussi le monument élevé sur la tombe des infortunés compagnons de La Pérouse massacrés.

Futuna. — Une autre île arrosée également de sang français, Futuna, nous appelle. C’est là que le P. Chanel fut égorgé le 28 avril 1841. Le christianisme a totalement transformé le caractère sauvage et irascible de ces insulaires. Jadis redoutés entre toutes les autres peuplades océaniennes pour leur barbarie, ils étaient à juste titre l’effroi des navigateurs. « Si j'excepte les Fidji, raconte le P. Poupinel, je ne reconnais point d'îles dont on puisse citer des horreurs comparables à celles qui ont été commises à Futuna, depuis le commencement de ce siècle. »

De cette île gagnée au Christ par le sang d’un martyr, de cette île sacrée, centre mystérieux de l’Océanie, portons les yeux sur l’horizon. Leva in circuitu oculos tuos et vide.

Wallis. — Au levant, Wallis encore embaumée des souvenirs de Mgr Bataillon. C’est là que le premier vicaire apostolique de l’Océanie centrale


FUTUNA. — ÉGLISE DE SAINT-JOSEPH A SIGAVE, d'après un croquis de M. Aube, alors capitaine du vaisseau, commandant du Seignelay.


termina son héroïque carrière, le 11 avril 1877 Nous ne pouvons résister à l’envie de mettre sous les yeux du lecteur la dernière page de la vie du vaillant évêque, dévoré jusqu’à la fin du zèle de la maison de Dieu. Elle est tout à la gloire du pasteur et du troupeau.

De l’église de Mua où il avait reçu les derniers sacrements devant tout le peuple assemblé, Mgr Bataillon s’était fait transporter dans son cher collège de Lano. Depuis plusieurs mois, on était occupé à la construction de l’église. Quelques heures avant de mourir, il s’aperçut qu’il n’entendait plus le bruit ordinaire des ouvriers, il dit à un des chefs qui se trouvait près de lui :

« — Je n’entends plus les coups de marteau. Est-ce qu’on ne travaille pas à l’église ?

« — Évêque, répondit le chef, nous craignons de vous troubler à vos derniers moments, et nous avons suspendu tout travail.

« — Non, non, reprit avec énergie Mgr Bataillon, ne vous arrêtez pas. Je veux mourir en entendant ce bruit de marteau ; il me fait tant de bien ! Travaillez, mes enfants. C’est pour le bon Dieu. »

Et les ouvriers recommencèrent ce bruit de