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Depuis cette époque, ils ont toujours été les fidèles amis des blancs, dont ils se font gloire de n’avoir jamais versé le sang. De fait, leur bonne conduite leur a mérité à diverses reprises les éloges des officiers du gouvernement. L’honorable Isaac K. Stephens, gouverneur du Territoire de Washington, disait d’eux dans son rapport pour l’année 1854 : « Vous connaissez déjà le caractère des Têtes-Plates. Ce sont les meilleurs Indiens des montagnes et des plaines. Honnêtes, braves et dociles, ils n’ont besoin que d’encouragement pour devenir de bons citoyens. Ils sont chrétiens, et nous sommes assurés qu’ils vivent d’après les principes chrétiens. »

Il y a maintenant douze cents Indiens de différentes tribu, mais principalement des Pendants-d’Oreilles, à la mission de Saint-Ignace, et cinq cents à celle de Sainte-Marie dans la vallée de Bitter-Root.

La mission de Saint-Ignace n’est pas découpée en rues, parce que les Indiens tiennent à placer leurs cabanes de façon à voir l’église de leur porte. Pendant le jour, ils y font de fréquentes visites pour prier en particulier ; mais, quand ils n’y vont pas, ils trouvent un grand plaisir à la regarder. « Où est votre trésor, là aussi est votre cœur. »

Leurs cabanes, en règle générale, mesurent environ quinze pieds carrés ; bâties avec des poutres de pins tirés des montagnes voisines, elles sont à la fois propres et commodes. À l’exception de un ou deux bois de lit, on n’y trouve aucun meuble. Les habitants s’asseyent ou plutôt s’accroupissent par terre, ou bien ils s’appuient sur les couvertures ou les peaux qui leur servent de lit. Des images de piété et des crucifix sont pendus au mur, des chaudrons et d’autres ustensiles de cuisine sont sur le foyer, accrochés à des clous ou appuyés contre les chenets. Les huttes sont garnies à peu près de la même manière ; seulement le foyer est au milieu de la pièce, et la fumée s’échappe par une ouverture supérieure.

Les Indiens se réunissent tous les matins à six heures et demie pour la prière et la messe. Après la messe, on donne une instruction sur le catéchisme qui dure un quart d’heure. Les femmes et les enfants assistent à un entretien du même genre dans la matinée. Le soir, au coucher du soleil, tous s’assemblent dans l’église pour la prière précédée ou suivie d’une troisième instruction. Les dimanches, à neuf heures du matin, grand’messe et sermon ; dans l’après-midi, bénédiction ou chemin de la croix et une instruction.

Le plus grand nombre s’approche des sacrements une fois par mois ; beaucoup le font une fois par semaine ou même plus souvent. Parmi les douze cents Indiens de la mission, il n’y en a pas plus de cinq ou six qui négligent leurs devoirs religieux, et encore uniquement parce qu’ils sont retournés à la polygamie. Ils aiment surtout beaucoup à se confesser, et quelques-uns d’entre eux, si on le leur permettait, le feraient plus d’une fois par jour. Un Père raconte que, pendant qu’il était avec eux à la chasse aux buffles, au milieu de la nuit, un Indien scrupuleux le tirait par les pieds et lui demandait d’entendre sa confession.

Cependant, c’est de ces Indiens que le Père Point, un de leurs premiers missionnaires, écrivait en 1848 :


ARIZONA. — UN CHEF APACHE EN COSTUME DE GUERRE, d’après une photographie.


« Il n’y a pas un quart de siècle, les Cœurs d’Alène étaient si insensibles que, pour les peindre au naturel, leurs premiers visiteurs leur avaient appliqué justement le nom étrange qu’ils portent encore. Leur esprit était si borné que, tout en rendant un culte divin à tous les animaux, ils n’avaient aucune idée ni du vrai Dieu, ni de leur âme, ni par conséquent, d’une vie future. En résumé, c’était une race d’hommes si dégradés, qu’ils n’avaient conservé de la loi naturelle que deux ou trois notions très obscures, auxquelles bien peu se soumettaient dans la pratique. Cependant, je dois le dire à l’honneur de la tribu, elle a toujours eu dans son sein des âmes d’élite qui n’ont jamais courbé le genou devant Baal. Je connais des Indiens qui, depuis le jour où le vrai Dieu leur fut prêché, n’ont jamais eu à se reprocher l’ombre d’une infidélité. »