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sées, qui n’eut qu’à se louer de l’intelligence et du travail de son nouvel élève. Daniel Trudaine, intendant des finances, après avoir créé l’école des Ponts et Chaussées (1747), avait conçu le projet d’une école des Mines, mais pour la réaliser, il fallait tout d’abord trouver des maîtres. Il n’y en avait pas dans le royaume ; il résolut d’en créer. Pour cela, il choisit, parmi les meilleurs élèves de l’école des Ponts et Chaussées, Gabriel Jars et Duhamel, et il les envoya étudier l’art des mines en Saxe, en Styrie, en Hongrie, etc. Leur voyage dura trois ans, et ils en rapportèrent un ouvrage intitulé : Voyages métallurgiques, dans lequel ils firent connaître en France beaucoup de faits nouveaux sur les mines, leur exploitation et le traitement des minerais.

Malheureusement, ils ne purent recueillir le fruit de leur travail. Depuis leur départ, bien des événements s’étaient passés ; le Trésor public était vide, et des projets de Trudaine il n’était plus question. Duhamel se tourna alors vers l’industrie privée. Il entra au service du duc de Broglie, propriétaire de forges dans le Limousin. En 1767, il est le premier à monter en France, à Ruffec, une usine pour la fabrication en grand de l’acier cémenté, à l’aide d’un procédé de son invention, et cet acier fait une concurrence heureuse à celui de l’Angleterre. Duhamel se trace alors un vaste programme de création de fonderies et de forges dans les Landes, afin d’utiliser le bois et le minerai de fer de ce pays. Tout est prêt, quand le propriétaire de son usine s’oppose à son départ et le fait appréhender par la force armée. L’intervention du Roi lui rend la liberté, mais son entreprise dans les Landes meurt de cette aventure. Cependant elle a attiré tous les yeux sur lui. En 1775, Duhamel est nommé commissaire du conseil pour l’inspection des forges et des fourneaux et, sous Necker, en 1781, il devient inspecteur général des mines.

De ses inspections, il allait rapporter des observations précieuses sur les mines et les minerais de Huelgoat en Bretagne, des perfectionnements dans le traitement des minerais de cuivre, de plomb et d’argent. En 1777, il divulgue ses procédés de cémentation de l’acier. Ses mémoires sur de nombreuses ques- tions de métallurgie affluent à l’Académie royale des sciences dont il est successivement nommé correspondant (1785) et associé minéralogiste (1786). Enfin quand, en 1783, fut créé, à la Monnaie, la première école des Mines, il y reçut la chaire d’exploitation et de métallurgie. Dans cette école, puis dans