Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1883-1885, Tome 4.djvu/62

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
63
vérification clinique des médicaments

diminué ; le pharmacien continue son trafic de courtier en remèdes, et le fabricant en grand, à l’abri de tout, persiste à préparer des médicaments à tous prix et de toutes les qualités.

6o La spécialité a un autre défaut, c’est qu’elle porte presque toujours, sur son étiquette, le nom de la maladie à laquelle elle s’adresse.

La solution X*** porte, en tête de son prospectus : « Remède souverain contre la phtisie ».

Les capsules de créosote de *** sont également présentées comme remède efficace contre toutes les maladies pulmonaires incurables.

Le vin de Z*** est également d’une haute efficacité contre la tuberculose ; et le prospectus ne se gêne pas pour indiquer à quoi l’on reconnaît un tuberculeux, quels sont les gros symptômes de la maladie, quelle est la terminaison habituelle de l’affection, etc.

La pommade de *** est un spécifique contre le cancer, etc… Quelle est la conséquence de tout cela ?

Un phtisique vient consulter le médecin, et celui-ci ordonne telle préparation phosphatée ou créosotée, qui porte sur le flacon, en grosses lettres : « Remède contre la phtisie et les maladies pulmonaires incurables ». Que fait le médicament ? Il indique au pauvre malade le nom de son mal, lui enlève le reste d’illusion qu’il pouvait conserver, le plonge dans le découragement et hâte la terminaison fatale !

7o Les spécialités engagent encore les personnes souffrantes à se soigner elles-mêmes, ce qui n’est pas un de leurs moindres inconvénients. Combien de malades, en effet, ne viennent trouver le médecin qu’après s’être médicamentés, depuis longtemps, à tort et à travers, sur la foi du prospectus !

Le malade est le premier à souffrir de cet état de choses. Une révulsion énergique, sur une ou sur les deux épaules, au début de sa maladie, aurait débarrassé de son rhume le pauvre phtisique, aujourd’hui destiné à mourir, et dont les pâtes de jujube et de lichen, les sirops pectoraux, les tisanes béchiques n’ont