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variétés historiques et biographiques

trol, vers 1683, par Pierre Vaneau, sculpteur en titre d’Armand de Béthune, évêque du Puy[1], il travailla, pendant six ans, dans l’atelier de ce maître, en compagnie de Pierre Layes, de Jean Marcon et de plusieurs autres dont les noms sont moins connus et méritent moins de l’être. Il devint non seulement son élève favori, mais encore son beau-frère, par son mariage, célébré à Monistrol, en 1691, avec Isabeau Vaneau.

Plus tard, Bonfils vint habiter le Puy. En 1716, les États du Velay, dans l’intention d’encourager les artistes à se fixer dans le pays, le déchargèrent du logement des gens de guerre, de la taxe du commerce et industrie, meubles et capitation[2]. Pendant longtemps, dans sa maison de la rue des Tables, tout auprès du couvent des religieuses de Saint-Maurice, il tint école et enseigna, à bon nombre de jeunes gens, l’art de travailler le bois, avec cette vigueur et cette sûreté de main dont il avait puisé le secret dans la fréquentation de son beau-frère Vaneau. Michel se trouva à cette école avec Gabriel Samuel qui, quelques années plus tard, eut la gloire d’être le premier maître de l’illustre Julien[3]. D’après ce que nous savons des travaux de Bonfils et de nos autres sculpteurs en bois, l’enseignement de cet atelier devait se borner à quelques notions de dessin, la grande occupation consistant à exécuter de nombreuses répliques des statues des saints les plus en vogue. À ce métier, l’esprit n’avait rien à gagner sans doute, mais le corps devenait infatigable et la main acquérait cette vigueur, cette facilité de travail que l’historien espagnol de Michel admirait chez notre compatriote. Au bout de six années, Michel quitta le Puy et entra à Lyon dans l’atelier du sculpteur Perrache, le père du

  1. Pierre Vaneau naquit à Montpellier, le dernier décembre 1653, et mourut au Puy, le 27 juin 1691, durant une maladie contagieuse qui fit un grand nombre de victimes dans toutes nos contrées.
  2. Arnaud, Hist. du Velay, t. II, p. 257.
  3. J. Le Breton. Notice historique sur la vie et les ouvrages de Pierre Julien, Paris, Baudouin, an XIV (1805), in-8o de 28 pages, p. 5. Cette brochure, rare et peu connue, a été réimprimée dans la Revue universelle des arts. Juin 1863.