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le château de chavaniac

reçues, a été accueilli à son arrivée par un détachement de la garde nationale, précédé d’une musique guerrière ; l’officier commandant lui a présenté une couronne civique : M. Lafayette est arrivé aux portes de la ville au milieu d’un peuple immense qui se pressait sur son passage ; l’air retentissait de cris redoublés de : Vive Lafayette ! vive le défenseur de la liberté ! vivent les gardes nationales parisiennes ! Les officiers municipaux ont harangué M. Lafayette, et l’ont conduit à l’hôtel-de-ville devant lequel on avait dressé un arc de triomphe, portant diverses inscriptions en l’honneur de M. Lafayette et de la garde nationale parisienne. MM. les administrateurs, les juges du district, les juges de paix, l’évêque et son conseil sont venus lui témoigner les sentiments qu’excitait en eux sa présence. Le soir, la ville a été illuminée ; M. Lafayette a assisté à un banquet que les habitants avaient fait préparer dans la maison commune. Le lendemain, il a été conduit au spectacle où il a été couronné de nouveau.

Les villes d’Yssingeaux et de Monistrol lui ont fait les mêmes honneurs ; dans cette dernière ville, douze jeunes filles vêtues de blanc et décorées d’écharpes aux couleurs nationales, lui ont présenté une couronne de chêne, entrelacée de fleurs, et ont chanté divers couplets analogues aux circonstances.

MM. Latour-Maubourg, Bonnet et Grenier, députés du département de la Haute-Loire, qui se trouvaient avec M. Lafayette, ont aussi reçu les témoignages les plus flatteurs de l’estime publique, et le juste tribu d’éloges que mérite leur civisme.

Nous instruirons également l’armée que partout les expressions de la reconnaissance publique confondaient et le général et la garde nationale parisienne ; cette vérité, en nous traçant un double devoir, a rendu la tâche que nous nous sommes imposée trop précieuse, pour ne pas être, en quelque sorte, forcés d’entrer dans des détails dont moindre omission nous eût semblé porter atteinte à la fidélité de notre récit.

Par suite de notre exactitude, nous ne passerons pas plus sous silence une découverte qui nous a tous fait jouir d’un spectacle bien attendrissant. À Chavaniac, le hasard nous a fait descendre dans les souterrains de la maison, nous y avons trouvé plusieurs tables servies, un nombre considérable de paysans les entouraient : ils se rendent journellement dans ce lieu secourable… Nous nous sommes à l’instant promis de rendre compte à l’armée de l’emploi que M. et Mme Lafayette font des débris de leur fortune.