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son, des distributions qui ne promettent aucune décoration de luxe, mais qui annoncent que le propriétaire a résolu d’y faire un établissement durable ; ce qui porte d’autant plus à se le persuader, c’est la disposition qui se fait dans le moment, d’une galerie, pour recevoir la statue pédestre de Washington, cette image de son père adoptif, et ce témoignage de l’attachement et de la reconnaissance des citoyens de la capitale.

La garde nationale de Paulhaguet, chef-lieu du canton de Chavagnac, ayant à sa tête M. Branche, son commandant, ancien député de l’assemblée constituante, et celle de Brioude, ayant su l’objet de notre voyage, sont venues nous complimenter et nous remettre des adresses que nous nous sommes fait un devoir de transcrire, en fin des présentes. Elles nous ont appris que, malgré les soins qu’avait pris M. Lafayette, en quittant la capitale, pour cacher sa route, et se dérober aux marques d’attachement qu’on pourrait lui témoigner, il avait été reconnu au-dessus de Fontainebleau par une diligence, en changeant de chevaux ; que, depuis ce moment, son voyage n’avait plus été qu’une pompe triomphale, et nous avons en effet appris sur notre route que, de cantons en cantons, les gardes nationales s’étaient fait un devoir de l’accompagner, enseignes déployées, au bruit des mousqueteries et artilleries, précédées de la musique : la nuit, les maisons illuminées, des arcs de triomphe, des gardes d’honneur à sa porte, et presque partout des députations des corps administratifs.

Les villes de Briare, Moulins, Riom, Clermont et Brioude, ont particulièrement célébré des fêtes patriotiques d’un goût neuf et dignes d’un peuple libre ; ces fêtes offraient partout un spectacle d’autant plus intéressant que l’attention de ceux qui les donnaient, se partageaient également entre M. et Mme de Lafayette, et M. de Latour Maubourg, citoyen d’Auvergne, leur compagnon de voyage, leur ami, et l’un de ceux qui, dans l’assemblée constituante, et même avant la réunion des ordres, a le mieux mérité de la patrie, en embrassant la cause populaire.

M. Lafayette, en arrivant dans sa terre, y a reçu les mêmes témoignages d’affection qui lui avaient été donnés sur sa route ; les municipalités voisines, la garde nationale du département, les juges de paix, se sont rendus auprès de ce généreux citoyen, ou ont député vers lui, pour lui faire de l’enthousiasme qu’excitait son arrivée dans le département de la Haute-Loire. Les officiers municipaux de la ville du Puy, chef-lieu du département, ont aussi porté à M. Lafayette les vœux et la reconnaissance de leurs concitoyens.

M. Lafayette, en allant rendre dans le département les visites qu’il avait