Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1881-1882, Tome 3.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
43
le château de chavaniac

Lafayette, enveloppe quelques autres individus. Il est question d’établir les efforts faits par l’un et par l’autre pour sauver de la guillotine le curé de Chavaniac, prêtre réfractaire qui fut trouvé caché chez lui et fut néanmoins absous par le jury militaire à qui l’administration du district le livra. En attendant que toutes les instructions soient prises, je le préviens que je n’ai pas d’autres renseignements à donner sur cette femme, si ce n’est qu’elle a montré, en arrivant dans ce pays, un grand caractère, qu’elle a toujours soutenu qu’elle s’est éloignée de tout ce qui tenait à la ci-devant noblesse et a préféré surtout, dans les occasions remarquables, la compagnie des plébéiens, qu’elle caressait même, ce qui fait croire qu’elle était attachée à l’égalité. Ses opinions ont d’ailleurs été secrètes sur tous les événements qui sont arrivés. Elle ne s’est pas autrement manifestée qu’en ce qui regarde le curé, dont je viens de parler, qui exerçait ci-devant dans la commune où elle faisait son domicile[1]. »

Le 21 brumaire (12 novembre), Mme de Lafayette reçut avis qu’elle serait arrêtée le lendemain. En effet, le soir même, M. Granchier, commissaire du comité révolutionnaire, arriva au château à la tête d’un détachement de la garde nationale de Paulhaguet. Il donna lecture de l’arrêté du comité ordonnant l’arrestation, refusa à Mme de Lafayette de leur laisser partager la captivité de leur mère, et, le lendemain, dirigea sa prisonnière sur la maison d’arrêt de Brioude, où elle fut écrouée.

Les enfants restèrent à Chavaniac, où leur tante fut mise en état d’arrestation, au mois de janvier 1794, mais en même temps, autorisée, vu son grand âge, à ne pas quitter sa demeure.

La vente des biens du Général fut reprise à la même époque et, malgré ses supplications, Mme de Lafayette ne put obtenir d’y assister. Le 8 prairial, arriva l’ordre de la conduire à Paris. Elle partit trois jours après et fut écrouée, le 19 du même mois, dans les prisons de la Force.

Le château, ainsi que la plupart des meubles appartenant à

  1. Archives départementales de la Haute-Loire, série L.