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le château de chavaniac

pour l’assemblée provinciale d’Auvergne, et au printemps de 1789, époque à laquelle, dans une lettre à Washington, il se félicite d’avoir pu mettre la paix dans une petite ville voisine « où tout le monde se mangeait le cœur ».

Plus tard absorbé, tant par les travaux de l’Assemblée constituante et notamment par ceux de ces travaux relatifs à la formation du département de la Haute-Loire, que par le rôle considérable qu’il joua, pendant cette première période de la Révolution, en qualité de commandant en chef des gardes nationales parisiennes, il ne put songer à reprendre le chemin de son pays natal. Ce ne fut que le 8 octobre 1791, qu’après avoir remis ses pouvoirs à la commune de Paris, comme général en chef de la garde nationale parisienne, il partit pour l’Auvergne, comptant bien y vivre plusieurs mois, loin des agitations et des luttes politiques.

Son voyage, comme celui de 1783, ne fut qu’une longue ovation.

Laissons raconter à Lafayette lui-même cette course triomphale et ses impressions en se retrouvant sous le toit paternel. Trois jours après son arrivée, il écrit à un ami :


« Chavaniac, 20 octobre 1791.

Me voici arrivé dans cette retraite. C’est à Brioude que j’ai reçu vos deux lettres, dont je vous remercie de tout mon cœur. Mon voyage a été bien long, mais obligé de m’arrêter partout, de traverser les villes, les bourgs à pied, de recevoir des couronnes civiques de quoi remplir toute la voiture, je ne puis aller aussi vite qu’autrefois. J’ai quitté Clermont la nuit ; la ville était illuminée. Nous avons été conduits par la garde nationale et par des hommes portant des torches, qui faisaient vraiment un spectacle charmant. À Issoire, que bien connaissez, on est excellement patriote ; vous sentez que j’ai été bien reçu ainsi qu’à Lempdes ; Brioude m’a fait toutes les fêtes imaginables. Vous savez combien j’aime ma tante et vous sentez que j’ai été bien