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une sédition à pradelles

« Il faut, s’il vous plaît, envoyer après demain à M. Chabanacy, procureur du Roy et en son absence à M. de Rosières, lieutenant criminel, le cabaretier de Besson pour servir de témoin. J’ai ordre de M. de Basville et de M. de Courten de vous l’écrire : vous recevrez une lettre du premier et beaucoup de gratiosités du second. Vous écrirez à M. Chabanacy ou au lieutenant criminel en leur envoyant ces deux témoins, mais ne manquéz pas de les faire partir lundy bon matin. J’envoye un exprès à M. le viscomte de Beaune, à Plauzat,

« Ne dites pas encore l’arrivée de M. de Courten et des troupes. Cependant donnez ordre de faire cuire 2,500 rations de pain de bled de froment, chaque ration pesant une livre et demy poids de marc. Et pour cela vous pourrez faire faire des pains, le chacun pezant six livres poids de marc, parce que chaque pain pezera quatre rations et le soldat en aura pour quatre jours.

« Je seray du voyage. Vous logerés M. de Courten.

« Je souhaite que vous puissiez aussi me donner une chambre dans quelque endroit de votre maison.

« Empêchèz que le bled ne s’écarte et que celuy des religieux de même que celuy de M. le viscomte de Beaune ne soient vendus et ne soient transportés quoique vendus. Ma lettre vous servira d’ordre.

« Robert Dumolard. »

L’instruction qui suivit cette échauffourée, cette émotion populaire, suivant l’expression du temps, amena l’arrestation des deux plus turbulents, les nommés Jacques Arnaud, chaudronnier, et Joseph Rostain, tisserand. Conduits dans les prisons de la sénéchaussée du Puy, ils ne furent, malgré les conclusions du procureur du roi, qui requérait contre eux la peine de mort, condamnés qu’au bannissement à temps. Mais, si cette condamnation fut bénigne, la crainte qu’inspira aux habitants de Pradelles le déploiement de forces dont ils furent l’objet suffit amplement à les faire rentrer dans le devoir.

Henry MOSNIER.