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ment, les partisans de Chassanion commencèrent à se montrer et le firent prêcher et administrer les sacrements de jour et publiquement ». L’Évêque et les chanoines, redoutant une sédition, se retirèrent dans la cathédrale de Saint-Pierre, sous la protection d’une garnison qu’ils y mirent. Bientôt, le lieutenant-général du roi, en Languedoc, arriva avec deux compagnies de cavalerie pour remettre tout dans l’ordre. Les protestants cessèrent momentanément leurs exercices, (Mis d’Aubais, Pièces fugitives, tom, I. 2e partie, Histoire de la guerre civile en Languedoc, pag. 2, 3.)

Ils recommencèrent au carême de 1561, et avec tant de succès, que vers la fin de l’année 1562, leur nombre s’était tellement accru, que Chassanion et Formy, son collègue, ne pouvant plus suffire à leur tâche, demandèrent à Genève deux nouveaux pasteurs. Voici la lettre qu’ils écrivirent à cet effet aux ministres de l’Église genevoise, lettre que j’ai copiée dans une intéressante réunion de documents manuscrits sur l’histoire de la Réformation en France, conservée dans la bibliothèque de Genève (197aa cart. II) :

« Très chers Seigneurs et Pères, nous avons eu notre part des afflictions communes de cette guerre tant cruelle jusqu’à présent ; mais le Seigneur notre Dieu a tellement tempéré le tout que nos ennemys n’ont point eu grand avantage et il nous a donné des victoires, si notables en ces cartiers, qu’elles nous sont autant de miracles devant nos yeux pour nous conserver en la fiance que nous devons toujours avoir de luy. Ce bon Dieu nous donne aujourd’huy le relasche de rassembler ce qui a esté abbattu par les adversaires, de poursuivre à réformer ce qui reste en cette œuvre ; mais, pour ce que nous ne sommes icy que deux, ne pouvant suffire à une telle charge, vous supplions au nom de Dieu, suyvant la réquisition de nos Srs consuls, nous ayder sur la promesse faite de monsieur d’Anduze, et aussi nous ordonner deux compaignons, tels que votre prudence jugera estre propres pour nous soulager encore en cette Église : chose qui reviendra au grand profit et accroissement de toute