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bibliographie

La nomination du successeur de Jean de Bourbon se présenta, en effet, dans des circonstances dignes de souvenir. Le bon roi Louis XII professait une amitié particulière pour la famille de Chabanes, dont le chef, Jacques, maréchal et grand-maître de France, seigneur de la Palice, avait acquis sur maints champs de bataille une gloire exceptionnelle. Le frère puîné du maréchal, Antoine, était déjà protonotaire apostolique, prieur d’Ambierle en Forez et chanoine à la cathédrale du Puy. La famille de Chabanes tenait beaucoup, pour son cadet, à la succession de Jean de Bourbon et elle intéressa naturellement le roi à cette candidature. Louis XII se prêta avec une extrême bienveillance aux désirs d’une maison si considérable : il fit lui-même et fit faire par ses propres parents de vives instances auprès de nos chanoines pour la réussite du prieur d’Ambierle.

Une plaquette très rare, imprimée au Puy, le 1er 1620, chez Estienne André et que nous avons rééditée dans l’Annuaire de la Haute-Loire de 1878, donne le détail des diverses démarches accomplies auprès de notre chapitre par le roi, par le comte d’Angoulême, depuis François Ier, et par le futur connétable de Bourbon. Louis XII ne se contenta point d’écrire et de faire écrire aux chanoines en faveur de son protégé ; il leur dépêcha son secrétaire, Odinet Geuffroy, pour les prier d’avoir égard à la recommandation royale. Il fit plus : il constitua des mandataires pour agir directement sur les électeurs. Cette immixion de la couronne dans le scrutin du chapitre n’était point une ingérence arbitraire ou simplement déplacée. Nous avons déjà dit (Tablettes, I, 227 et suiv.) que, suivant une tradition, passée en force de loi et observée de temps immémorial, notre chapitre ne pouvait se réunir pour le choix d’un évêque sans permission du roi, et que les chanoines devaient avoir égard dans leur votes aux désirs des puissances. Les commissaires de Louis XII furent le vicomte de Polignac, le seigneur de Rochebaron, un personnage nommé Thuans, dont nous n’avons pu établir la qualité, et messire Jean Sallar ou Sarat, chevalier, conseiller du roi et maître des requêtes en son hôtel.