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Les Lordin de Saligny furent la tige de cette grande maison de Coligny d’où sortait la grande victime de la Saint-Barthélemy.

C’est encore au château de La Motte-Saint-Jean que mourut, le 16 mai 1683, Anne Nicole Cauchon de Maupas, dame du Tour, du Cosson en Champagne et nièce de notre cher évêque, Henry de Maupas du Tour. Mlle de Maupas avait épousé Jean de Coligny-Saligny, connu sous le nom de comte de Coligny, lequel mourut également au château de La Motte le 16 avril 1686.

Dans l’Annuaire de la Haute-Loire de 1878, partie historique, nous avons retracé un certain nombre de détails peu connus sur Mgr de Maupas et nous avons groupé autour de l’aimable et pieux évêque les visages qui lui furent les plus chers, c’est-à-dire sa nièce et son neveu, la comtesse et le comte de Coligny. Si l’on veut se reporter à notre petite notice, on verra quel homme était ce comte de Coligny, quelle haute nature, quel fier soldat ; combien il était digne de l’affectueux respect que lui vouèrent ses contemporains, digne de l’estime de Louis XIV, digne surtout de la tendresse de Mgr de Maupas. Nous avons dit que ses Mémoires, écrits au courant de la plume, sans effort et sans prétention, avaient une grande valeur littéraire, mais nous n’avons pas assez pesé sur cet article et nous voulons en toucher encore quelques mots.

Ce gentilhomme, de race militaire, se mit à écrire sur le tard de sa vie et fut moins que tout autre une bête d’encre. Il n’avait ni le goût ni l’ambition des lettres et il passa écrivain sans le vouloir et sans y penser. Les écrivains de profession ont beau faire ; ils sentent toujours le métier, l’effort. Ils se mettent à l’œuvre pour faire du mieux qu’ils peuvent. Ce désir de bien faire est déjà une pose, un croc-en-jambe à la nature. On s’excite, on se monte, on se contrefait. L’idéal, ce serait d’écrire presque à son insu, d’abdiquer sa propre personne, de se dégager de son milieu et de ne confier au papier que le trop-plein de son cœur et de son intelligence. L’imitation, le procédé gâtent les plus nobles ouvrages. On n’est original qu’à condition