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les rochebaron

prendre leur volée, il fallait aviser, les pourvoir d’un état. Le père avait le choix entre la cour du comte de Forez et celle de l’évêque du Puy et souvent il se décidait pour l’évêque. L’enquête de 1285, qui figure en tête du présent volume, indique le genre de vie des jeunes nobles dans le palais du comte de Velay. — Disons-le en passant : on nous reproche d’abuser du latin dans les travaux de notre Société, mais l’histoire vraie est à ce prix. Quand on sait lire à travers ces antiques paperasses, on y rencontre de précieuses révélations sur les mœurs et les idées du moyen-âge et l’on peut recomposer, presque à coup sûr, l’existence quotidienne de tous ces chevaliers et seigneurs, dont nos chartes nous fournissent à peine les noms et les titres. — Donc le jeune Rochebaron entrait dans la maison militaire de l’évêque ; il était attaché au service personnel du prélat… ad raubas ; il faisait partie de sa famille… erat de familia sua… comme le dit, dans l’enquête de Chapteuil, Jean Guers, ancien écuyer de Bernard de Montaigu. C’est ainsi que le fils de Pierre de Fay, après le meurtre de la rue des Grazes, fut astreint par le même Bernard de Montaigu à la domesticité épiscopale. De sept à quatorze ans, le jeune Rochebaron avait, auprès de l’évêque, le titre de page ou varlet[1]. Il suivait son seigneur à la chasse, lançait et rappelait le faucon, sonnait l’hallali, forçait la bête. En 1523, l’évêque Antoine de Chabanes courait encore le cerf dans nos

  1. À l’origine le mot varlet ou vallet, dont valton ou valeton est le diminutif, n’entraînait point l’idée d’une infériorité humiliante ; il signifiait fils :

    Trois valez out (trois fils eut) de son seigneur.

    (Roman de Rou.)

    Ce terme s’appliqua plus tard à un jeune homme sans état, à un aspirant à la chevalerie, et dans une acception moins relevée, à un apprenti, à un compagnon de métier :

    N’ert mie (n’était pas) chevalier encore et valeton,
    N’aveit encore en vis (visage) ne barbe ne guernon (moustache).

    (Roman de Rou.)