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En Velay, la révolution des évêques est sensible : on peut reconnaître chez nous, trait pour trait, ce qui se passe dans les régions les plus lointaines. Le comte de Velay, en 924, transmet à l’évêque son pouvoir sur la ville du Puy. Qu’on ne croie pas à un abandon volontaire ! Guillaume d’Auvergne cède à la loi des événements ; notre ville lui échappe, et il la délaisse à Adalard sous la contrainte d’une nécessité inévitable.

Qu’on ne croie pas davantage à un octroi de la couronne ! Le roi Raoul intervient dans l’accord de 924 comme intermédiaire, si l’on veut, comme arbitre. Il donne au traité entre les deux puissances la sanction souveraine : pure formalité, puisque la couronne exerce alors en pays vellave un empire simplement nominal, mais formalité d’un grand prix et dont la valeur se tire du respect traditionnel des peuples pour la royauté. Le comte abdique la suprématie dans notre ville, mais le vicomte, lui, n’abdique pas. Il n’est point partie en l’acte de 924 ; il reste néanmoins avec son pouvoir jadis révocable et devenu héréditaire sous les faibles héritiers de Charlemagne. C’est le vicomte, absent du contrat de 924, qui va bientôt y faire, comme on dit en procédure, tierce opposition ; c’est le vicomte qui soulèvera le conflit avec l’évêque, son rival naturel créé par le diplôme d’Adalard.

Et voyez comme les événements s’éclairent à la lueur des principes déduits par la recherche moderne ! La révolution des évêques affecte dans toute la chrétienté un caractère uniforme. Les évêques chassent partout les comtes des villes et deviennent eux-mêmes des seigneurs citadins. Ils laissent la campagne, les fiefs ruraux au baronnage. Il en advient de même en Velay. Le vicomte ne dispute point à l’évêque la suzeraineté du Puy, mais il fait nettement tête à son adversaire, lorsque ce dernier, franchissant les murailles d’Anicium, veut dominer sur l’entier périmètre du diocèse. C’est vraiment alors que le choc se produit, que l’hostilité éclate, et qu’une guerre longue, implacable, s’allume entre les deux puissances pour aboutir successivement au triomphe de l’évêque en 1213 (hommage du vicomte Pons),