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8o Les corvées ou services de corps, acquittés sous forme de travail manuel. Les réparations aux murailles du Cloître, qui soulevèrent tant de révoltes de la bourgeoisie anicienne contre la domination épiscopale ; les exigences des seigneurs pour l’entretien de leurs forteresses, ces clausuras, edificia, firmancias du titre de 1253, reproduit ci-dessus, pp. 12 et 13, ne rappellent que trop ces servitudes personnelles de la bureaucratie romaine.

9o L’impôt sur les ventes dans les marchés publics, le péage des ponts et des routes[1]. Notre histoire municipale regorge de procès sur ces taxes, qui donnaient une prise si facile à l’arbitraire des collecteurs. Le Tholoneum de la charte du roi Raoul, les prélèvements sur le débit des denrées, sur les mesures employées pour le négoce de grain et autres objets de consommation, toutes ces entraves à la liberté commerciale que Philippe le Bel dut réprimer par son ordonnance de 1312[2], et dont l’onéreuse contrainte se perpétua jusqu’en 89, dans notre halle, sur nos places et à nos barrières, sous les noms de tonlieu, poids de ville, droit de pied-rond, leydes, constituent l’image fidèle des expédients financiers des publicains impériaux. On sait, en outre, par Médicis et nos autres chroniqueurs, les désordres et les exactions dus aux péages de la vicomté de Polignac[3].

Nous remettons à une autre fois de parler de l’impôt du sang, qui était, chez les Gaulois, fondé sur le principe d’une égalité complète[4]. Dans la Rome républicaine, tout citoyen était soldat. Auguste abolit cette théorie, plus vieille qu’on ne le pense, de la nation armée et fit de la profession militaire un métier spécial. Notre féodalité rétablit le service obligatoire pour tous. Tout vassal ou homme-lige était tenu de suivre l’ost de

  1. Tacite, Annales, I, 78 ; Ulpien an Digeste, L, 16, 17.
  2. Voir le texte de cette ordonnance dans les Mémoires de notre Société, 1re année, pp. 163 et suiv.
  3. Médicis, II, 1 et suiv., 13, 17 et suiv., 22 et suiv.
  4. C’est ce que fait entendre César dans ses Commentaires, quand il dit, VI, 14, que les druides étaient exempts du service militaire : Militiæ vacationem habent.