travail qu’accomplissait André, sachant probablement ce qui devait arriver, car tout à coup, il poussa un cri de triomphe.
— Il en a un ! il en a un ! André a trouvé un épi rouge !
— André ? Un épi rouge ?… C’est pourtant vrai ! Viens voir, Yvonne…
Yvonne ne bougea pas, mais la mère Servan s’approcha, s’essuyant les mains à son tablier. Il y eut un silence curieux, plein de choses. Un rire étouffé fusa ; des chuchotements se firent entendre.
— Tu sais, dit Servan à son fils, « que celui qui trouve un épi rouge doit aller embrasser son amie de cœur »…
— Oui, je sais, répondit André. « Mais je n’ai pas d’amie de cœur »…
— Pas d’amie de cœur ! s’écria Servan. Et naïvement son regard alla vers Yvonne. Qu’est-ce que tu dis donc là, garçon ?
— C’est dommage qu’la ville soit si loin, dit Leroux, ironique. « André ne serait pas long à s’en trouver une »…
André se retourna vers lui avec colère : — Toi, Leroux, tu me ferais plaisir en gardant tes réflexions pour toi : je n’ai rien à te dire et tu n’as pas à parler.
— Oh ! oh ! voyons ! dit Servan, s’interposant.