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LA CORVÉE

la tête basse, qu’ils n’en ont pas. Et vous comprenez que les hommes se rendent. Pourtant, l’automne, quand il faut courir ces damnées oies dans la boue devant l’étable, c’est là qu’il s’en fait des promesses ; mais vienne le printemps ! Sur la boue où l’on a fait des promesses, l’herbe verte fait oublier les mauvais jours d’automne et l’on garde encore des oies.

Donc un soir de décembre on fit la courvée. Ce fut un soir de tempête ; d’abord il avait neigé depuis le petit jour et dans l’après-midi le vent prit. Mais y a-t-il une tempête pour faire manquer une veillée quand on a vingt ans et qu’il y a des créatures, ou quand on va voir les vieux ? Vers six heures, les garçons et les filles du père Fabien arrivèrent. Ne faîtes pas la grimace les demoiselles de la ville s’il n’est que six heures : à la campagne on ne perd pas de temps. La belle Lisette avait mis son beau manteau pour paraître plus jolie ; elle se doutait peut-être que Léon y serait… Clara était toute souriante avec ses petites joues rougies par le froid. — C’est épouvantable de voir comme il y a de la neige dans les chemins, disaient les garçons. — Vous comprenez, reprenait le père, qu’après une journée pareille, les chemins sont boulants. « Voyons, passez vous dégréer dans