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s’étend encore sur le déclin de la montagne, de manière qu’elles paraissent avoir renfermé l’espace d’une grande ville. Les murailles qui sont tombées en partie ont comblées les fossés, et forment une espèce de glacis par la terre qui y est crûe par-dessus ; il y a des endroits où les pierres de ces murailles se trouvent répandues, parce qu’elles ont été remuées par le labourage qu’on y a fait à la pioche pour y semer du grain. Il y a plusieurs fontaines sur cette montagne dont l’eau est très vive : des anciens du pays m’ont assuré y avoir vu des puits, mais qui ont été comblés à cause des bestiaux qui y pâturent. Ils m’ont ajouté y avoir trouvé plusieurs médailles, comme aussi des anneaux d’or et d’argent. Il y a environ trente ans qu’il tomba un vieux hêtre d’une grosseur prodigieuse, qui était au-delà du fossé du côté de Saint-Léger, et sous les ruines duquel il se trouva beaucoup de pierres : cela donna occasion à un paysan du voisinage de creuser en cet endroit pour les ramasser : il y découvrit une urne de terre rouge de la hauteur de deux pieds et demy, toute entière avec un couvercle de la même terre. L’ayant ouverte, il la trouva remplie de cendres, avec une tête humaine, qui tomba en poussière dès qu’il l’eut touchée : il trouva encore dans ces cendres deux grandes médailles d’or, dont l’une était comme celle d’un écu de six livres. Il fut longtemps sans vouloir avouer cette découverte, de crainte d’être recherché par le seigneur du lieu ; enfin il me l’avoua à l’article de la mort : il ajouta qu’un orfèvre de la ville d’Autun luy en avait donné quatorze pistoles (140 fr.). J’ajouteray à l’égard de la montagne de Bevrect, qu’elle est très vaste et qu’elle a au moins dans son circuit deux lieues et demy de tour[1].


Cette lettre confirmait tous les résultats auxquels était arrivé Moreau de Mautour par la simple étude des textes et une intuition archéologique qui n’était pas alors sans mérite. Écrite par un témoin qui parcourait le Beuvray depuis plus de quarante ans, et dont la bonne foi était hors d’atteinte, elle était une pièce importante dans le conflit. C’est par elle qu’il termine sa dissertation en l’accompagnant de quelques réflexions aussi simples que concluantes. « Par cette description, dit-il, qui désigne le lieu et l’antiquité d’une ville, jointe aux raisons que j’ai rapport-

  1. Moreau de Mautour, Dissertation, p. 315 à 318.