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même, depuis l’année 1704 que j’ai composé ma dissertation dont il y a un extrait dans les Mémoires de Trévoux, du mois de juillet de la même année, je n’avais pu encore en avoir une description exacte, quelque soin que je me sois donné. Mais enfin je produis l’extrait d’une lettre d’un particulier digne de foi, écrite à M. l’abbé Filsjean de Presle, chanoine et prévôt de la cathédrale d’Autun, personne de considération et de mérite et d’ailleurs homme de lettres. Cette lettre, datée du 17 novembre 1726, est de M. Gaultier, curé de Saint-Léger, dont la paroisse est située au pied de la montagne de Bevrect ; voici ce qu’elle dit :


Je vous envoye, Monsieur, la description de la montagne de Beuvrect, comme vous l’avez souhaitée. Je l’ay faite le plus exactement qu’il m’a été possible dans sa situation, sa forme, sa figure, suyvant la connaissance que j’en ay pour avoir souvent parcouru cette montagne, et l’avoir examinée depuis quarante-deux ans, que je suis curé de la paroisse de Saint-Léger, dont la montagne fait partie. Le clocher en est éloigné d’une lieue, d’où il y a toujours à monter jusqu’au sommet de la montagne, quoiqu’insensiblement. La plus grande partie de ma paroisse est située dans la province de Bourgogne, et la plus petite partie dans celle du Nivernais, sur la frontière de laquelle la montagne se trouve située, et séparée de la Bourgogne par un chemin. Cette montagne est une des plus hautes de ces quartiers, détachée de toutes les autres voisines par des vallons étroits. Elle est plus longue que ronde, presque également élevée partout ; c’est pourquoi il faut monter beaucoup de tous côtés pour parvenir à son sommet. Il y a deux grands chemins qui y conduisent, l’un vient d’Autun du côté du levant, l’autre du couchant, qui vient de Luzy. Ces deux chemins se voyent encore par une levée et un ancien pavé qui subsistent en plusieurs endroits. Il y en a un troisième qui est plus fréquenté et assez large, quoique non pavé, c’est par celuy-cy que les villageois, qui sont au pied du Bevrect, conduisent leurs troupeaux sur le plus haut de la montagne pour y pâturer, et que les paroisses du voisinage vont à une foire considérable qui s’y tient tous les ans le premier mercredy du mois de may. Il y a dans la partie qui est du côté de Saint-Léger une esplanade assez spacieuse, enceinte d’anciens fossés et d’une partie de murailles, dont les vestiges se voyent en plusieurs endroits. L’enceinte de ses murailles