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de déterminer la véritable proportion entre deux quantités différentes de travail. Le tems employé à deux sortes d’ouvrages ne la détermine pas toujours ; il faut compter les degrés divers de peine & de talent. Un ouvrage pénible consume plus de travail dans une heure, que n’en consume dans l'espace de deux un ouvrage facile ; une heure même d’application, donnée à un métier qui a coûté dix années d’apprentissage, l’emporte sur an mois d’industrie, exigé par une profession ordinaire. Mais comment soumettre la peine ou le talent à une exacte mesure ? Dans l’impossibilité de les apprécier à la rigueur, on se règle, en échangeant leur produit, sur le prix courant du marché ; espèce d’égalité imparfaite, il est vrai, mais pourtant suffisante à la conduite ordinaire des affaires communes.

D’ailleurs on échange, & par là même on compare moins souvent les marchandises avec le travail qu’avec elles-mêmes. Il est donc plus naturel d’estimer la valeur d’échange par leur qualité respective, que par la quantité de travail qu’elles donnent le pouvoir d’acheter. De plus, ces deux expressions, quantité de marchandises, & quantité de travails ne sont pas également