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pour toutes les marchandises, la mesure réelle de leur valeur.

Le prix réel de chaque chose, ce que chaque chose coûte réellement à celui qui en a besoin, c’est la peine & l'embarras de l’acquérir. Ce qu’une chose vaut réellement pour celui qui l’a acquise & qui a besoin d’en disposer ou de l’échanger contre une autre, c’est la peine & l’embarras qu’elle lui épargne à lui-même, & dont il peut charger autrui. Ce que nous achetons avec de l’argent ou avec des marchandises, devient nôtre par le travail, aussi bien que ce que nous acquérons au prix des fatigues de notre corps. Cet argent ou ces marchandises nous les épargnent à la vérité : ils renferment la valeur d’une certaine quantité de travail, que nous échangeons contre ce qui est supposé en contenir aussi la valeur d’une égale quantité. Dans l'origine des sociétés, le travail paya tout ; il fut la première monnoie : le travail, & non l’or ou l’argent, acheta toutes les richesses ; & sa valeur, pour ceux qui en sont maîtres ou qui en veulent échanger le produit, est précisément égale à la quantité de travail qu’il les rend maîtres d’acheter ou de commander.