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part, & de l’autre, jusqu’à la teinture des draps & à leur transformation en habits !

L’agriculture n’admet point dans ses travaux des subdivisions aussi nombreuses. Elle ne peut tracer, entre le fermier & l’homme qui engraisse le bétail, une ligne de démarcation aussi prononcée que celle qui sépare l’un de l’autre le forgeron & le charpentier. Il est rare que le tisserand & le fileur soient la même personne ; mais souvent une seule main laboure, herse, seme & moissonne. Comment un homme seroit-il uniquement voué à l’un de ces travaux, puisqu’ils se partagent les diverses périodes de l’année & se succèdent comme les saisons.

Cette impossibilité de séparer d’une manière aussi sensible toutes les branches de l’agriculture, est peut-être ce qui empêche la perfection de cet art de marcher d’un pas égal avec la perfection des manufactures. Si les peuples les plus opulens s’élèvent au-dessus de ceux qui le sont moins, par une culture plus soignée, & tout ensemble par des manufactures plus parfaites, c’est du moins à ces dernières qu’ils doivent communément leur supériorité.