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Dans tous les arts, les effets de la division du travail sont les mêmes, quoique dans tous il ne puisse être, ni soumis à autant de subdivisions, ni réduit à des procédés aussi simples. Cependant, plus les arts mécaniques iront en se ramifiant, & plus leur travail deviendra fécond. N’est-ce point parce qu’on a senti cet avantage, que les différens métiers forment aujourd’hui autant d’emplois séparés ? Ne voyons-nous pas même cette division plus sensible dans les contrées qui sont parvenues au plus haut degré d’industrie & de civilisation ? Dans les sociétés encore informes, plusieurs travaux occupent ordinairement un seul homme, tandis que plusieurs hommes s’occupent d’un seul travail dans les sociétés policées. Le fermier, chez ces dernières, n’est que fermier, & le manufacturier ne se livre qu’à sa manufacture, où d’ailleurs, si l’établissement est complet, le travail nécessaire se distribue en tant de mains différentes. Combien de métiers divers pour chaque branche de la fabrication des toiles & des étoffes de laine, depuis la semence du lin & la tonte des troupeaux, jusqu’au blanchissement & à l’apprêt de la toile d’une