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quent, la production. Si c’est une marchandise du sol ou des fabriques du pays, il en arrivera que moins de travail sera employé à la faire croître ou à la produire. Si c’est une marchandise étrangère dont l’impôt augmente ainsi le prix, les marchandises de même sorte qui se font dans le pays pourront, à la vérité, gagner par là quelque avantage sur le marché intérieur, et il pourra se faire qu’à l’aide de ce moyen une plus grande quantité de l’industrie nationale se tourne vers la fabrication de cette marchandise. Mais si cette élévation de prix sur une marchandise étrangère peut encourager l’industrie nationale dans une branche particulière, il décourage nécessairement cette industrie dans presque toute autre branche. Plus le manufacturier de Birmingham achètera cher son vin étranger, plus alors cette partie de ses quincailleries avec lesquelles, ou ce qui revient au même, avec le prix desquelles il l’achète, sera nécessairement vendue à bon marché. Par conséquent, cette partie de ses quincailleries se trouvera être pour lui d’une moindre valeur, et il sera d’autant moins encouragé à la fabriquer. Plus les consommateurs d’un pays payent cher le produit surabondant d’un autre, plus ils vendent nécessairement à bas prix cette partie de leur propre produit surabondant avec lequel, ou ce qui est la même chose, avec le prix duquel ils l’achètent. Cette partie de leur produit surabondant devient alors pour eux d’une moindre valeur, et ils sont moins encouragés à en augmenter la quantité. Par conséquent, tout impôt sur les choses de consommation tend à réduire, au-dessous de ce qu’elle serait sans cela, la quantité de travail productif employée soit à préparer la marchandise imposée, c’est une marchandise du produit du pays, soit à préparer celles avec lesquelles elle est achetée, si c’est une marchandise étrangère. De plus, ces impôts dérangent toujours plus ou moins la direction naturelle de l’industrie nationale, et la forcent à prendre une direction toujours différente et, en général, moins avantageuse que celle qu’elle aurait suivie d’elle-même.

Troisièmement, l’espoir d’échapper par les fraudes et les contrebandes à ces sortes d’impôts donne fréquemment lieu à des confiscations, à des amendes et à d’autres peines qui ruinent totalement le délinquant, homme sans contredit extrêmement blâmable d’enfreindre les lois de son pays, mais qui néanmoins se trouve être fort souvent une personne incapable de violer celles de la justice naturelle, et née pour faire, à tous égards, un excellent citoyen, si les lois de son pays ne se fussent avisées de rendre criminelles des actions qui n’ont jamais reçu