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ne peut faire monter le fermage plus haut, parce que le produit net qui reste après le remplacement du capital du fermier, avec un profit raisonnable, ne peut pas être plus grand après qu’avant l’impôt, de même, et par la même raison, un impôt sur l’intérêt de l’argent ne pourrait hausser le taux de l’intérêt, si l’on suppose que la quantité de capitaux ou d’argent à prêter dans le pays reste la même après l’impôt qu’elle était auparavant, tout comme la quantité de terre. On a fait voir dans le premier livre[1] que le taux ordinaire du profit se détermine sur le rapport existant entre la quantité de capitaux à employer et la quantité d’emplois ou d’affaires qui exigent des capitaux. Or, la quantité d’emplois pour les capitaux, ou d’affaires qui en demandent, ne peut être augmentée ni diminuée par un impôt sur l’intérêt de l’argent. Si donc la quantité de capitaux à employer n’était ni augmentée ni diminuée par l’impôt, le taux ordinaire du profit resterait nécessairement le même. Or, la portion de ce profit nécessaire pour indemniser de ses risques et de sa peine celui qui emploie le capital, resterait pareillement la même ; car ces risques et cette peine n’éprouveraient aucune sorte de changement. Par conséquent le résidu, cette portion qui appartient au propriétaire du capital et qui paie l’intérêt de l’argent, resterait nécessairement aussi le même. Ainsi, au premier coup d’œil, l’intérêt de l’argent paraît être un objet aussi propre à être imposé directement, que le revenu de la terre.

Il y a cependant deux différentes circonstances qui rendent l’intérêt de l’argent un sujet d’imposition directe, beaucoup moins convenable que le revenu de la terre.

Premièrement, la quantité et la valeur de la terre qu’un homme possède ne peuvent jamais être un secret, et peuvent toujours se consta-

  1. Chap. ix.