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produit autre chose que de la confusion et des désordres, et qu’elle tendit à corrompre également les mœurs du clergé et celles du peuple. L’autre partie paraît n’avoir jamais eu que des effets parfaitement conformes au but de l’institution.

Tant que le peuple de chaque paroisse conserva ce droit d’élection, il ne fit presque toujours que suivre l’influence du clergé et, en général, celle des plus fanatiques et des plus turbulents de cet ordre. Les ecclésiastiques, pour conserver leur influence dans ces élections populaires, devinrent pour la plupart et affectèrent de se montrer fanatiques, encouragèrent le fanatisme dans le peuple et donnèrent presque toujours la préférence aux plus fanatiques d’entre les candidats. La moindre affaire, la nomination d’un simple prêtre de paroisse, suffit pour occasionner le plus souvent des contestations violentes, non-seulement dans la paroisse, mais encore dans toutes les paroisses voisines, qui manquaient rarement de prendre parti dans la querelle. S’il arrivait que la paroisse fût située dans une grande ville, un tel événement divisait les habitants en deux partis ; et quand il se trouvait que cette ville formait elle-même une petite république, ou bien qu’elle était le chef-lieu ou la capitale d’une petite république, ce qui est le cas de la plupart des villes considérables de la Suisse et de la Hollande, chaque misérable dispute de ce genre, en excitant l’animosité de toutes les autres factions, menaçait encore de laisser après elle à la fois et un nouveau schisme dans l’Église, et une nouvelle faction dans l’État. En conséquence, dans ces petites républiques, le magistrat sentit de bonne heure la nécessité, pour maintenir la tranquillité publique, de se saisir lui-même du droit de présenter à tous les bénéfices vacants. En Écosse, le pays le plus étendu dans lequel ait jamais été établie cette forme presbytérienne dans le gouvernement de l’Église, les droits de patronage furent, dans le fait, abolis par l’acte qui établit les presbytéries[1], au commencement du règne de Guillaume III. Cet acte, du moins, investit certaines classes du peuple de chaque paroisse du pouvoir d’acheter, pour une très-petite somme, le droit d’élire leur propre

  1. Les presbyléries sont des chambres ecclésiastiques composées des ministres d’un district et d’un ancien par paroisse ; elles se forment en assemblée tous les mois : leur attribution est d’examiner les candidats qui aspirent au ministère et de déposer les ministres qui ont encouru la destitution. La réunion des presbytérien compose les synodes provinciaux et le synode général.