Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/445

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

férentes de la philosophie devint de cette manière, sans comparaison, la plus corrompue de toutes.

Tel fut donc le cours ordinaire de l’éducation philosophique dans la plus grande partie des universités de l’Europe. On enseigna d’abord la logique ; l’ontologie vint au second rang ; la pneumatologie, comprenant la doctrine relative à la nature de l’âme et de la Divinité, fut mise au troisième ; vint ensuite, en quatrième ordre, un système abâtardi de philosophie morale, qui fut regardé comme lié immédiatement à la doctrine de la pneumatologie, avec l’immortalité de l’âme, et avec les récompenses et les peines que l’on devait attendre de la justice de la Divinité dans une vie future ; un système bref et superficiel de physique terminait ordinairement le cours.

Les changements que les universités de l’Europe introduisirent ainsi dans l’ancien cours de philosophie furent tous imaginés pour l’éducation des ecclésiastiques, et pour faire de ce cours une introduction plus convenable à l’étude de la théologie. Mais tout ce qu’on y ajouta en subtilités et en sophismes, tout ce que ces changements y mêlèrent de morale ascétique et de doctrine de casuistes, ne contribua pas à le rendre plus propre à l’éducation des gens du monde, c’est-à-dire plus fait pour perfectionner les facultés de l’esprit ou les qualités du cœur.

Ce cours de philosophie est ce qu’on continue encore à enseigner dans la plupart des universités de l’Europe, avec plus ou moins de soin et d’exactitude, selon que la constitution de chacune de ces universités est de nature à rendre ce soin et cette exactitude plus ou moins nécessaires aux maîtres. Dans quelques-unes des plus riches et des mieux dotées, les professeurs se contentent d’enseigner quelques bribes et quelques morceaux décousus de ce cours corrompu, et encore pour l’ordinaire les enseignent-ils très-superficiellement et très-négligemment[1].

Les réformes et les progrès qui ont perfectionné, dans les temps modernes, plusieurs diverses branches de la philosophie, n’ont pas été, pour la plupart, l’ouvrage des universités, quoique sans doute elles en aient amené quelques-uns. En général même, les universités ont montré fort peu d’empressement à adopter ces réformes après qu’elles ont

  1. Aujourd’hui que la philosophie est enseignée très-compendieusement et très-sérieusement, sommes-nous plus avancés ? A. B.