Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/424

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réélus à l’élection des six nouveaux directeurs de l’année suivante. On s’attendait qu’en conséquence de ces réformes les assemblées, tant des directeurs que des actionnaires, seraient dans le cas de se conduire avec plus de dignité et plus de fermeté qu’elles n’en avaient ordinairement montre jusque-là. Mais il paraît impossible d’arriver par aucune réforme à rendre ces sortes d’assemblées, sous aucun rapport, propres à gouverner ou même à prendre quelque part dans le gouvernement d’un grand empire, parce que nécessairement la majeure partie des membres qui les composent auront toujours trop peu d’intérêt à la prospérité de cet empire, pour donner quelque attention sérieuse aux moyens qui pourraient atteindre ce but. Fort souvent un homme d’une grande fortune, quelquefois même un homme d’une fortune médiocre, veut acheter un intérêt de 1,000 liv. dans les fonds de la compagnie des Indes, uniquement pour l’influence qu’il espère acquérir par son droit de voter dans l’assemblée des propriétaires. Son action lui donne part, non pas à la vérité dans le droit de piller l’Inde, mais dans le droit de nommer ceux qui la pillent ; car, quoique cette nomination se fasse par l’assemblée des directeurs, celle-ci est nécessairement plus ou moins sous l’influence des propriétaires d’actions, qui non-seulement élisent ces directeurs, mais quelquefois dirigent les nominations des agents dans l’Inde. Pourvu qu’il puisse jouir de cette influence pendant quelques années, et venir à bout de placer par là un certain nombre de ses amis, il ne s’occupe guère, le plus souvent, de ce que sera le dividende, ni même de ce que deviendra la valeur du capital sur lequel est fondé son droit de vote. Quant à la prospérité du grand empire dans le gouvernement duquel son droit de vote lui donne part, c’est ce dont il est très-rare qu’il se soucie le moins du monde. Il n’y a pas de souverains qui soient ou qui puissent jamais être, par la nature des choses, dans une aussi parfaite indifférence sur ce qui concerne le bonheur ou la misère de leurs sujets, la prospérité ou la ruine de leurs États, la gloire ou le déshonneur de leur administration, que ne sont et que ne doivent y être nécessairement, par la force irrésistible des causes morales, la plus grande partie des propriétaires intéressés d’une pareille compagnie de commerce. Cette indifférence, en outre, était plus dans le cas d’augmenter que de diminuer, d’après quelques-uns des nouveaux arrangements qui avaient été faits en conséquence de l’enquête parlementaire. Par exemple, il fut déclaré par une résolution de la Chambre des communes, que quand les