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tiennent aujourd’hui et mis immédiatement sous la protection du souverain, rendraient cette résidence sûre et commode, au moins pour les commerçants des nations particulières auxquelles appartiennent ces établissements. Mais si, à une époque quelconque, il venait à se trouver que cette portion du capital d’un pays, qui d’elle-même tendait ou inclinait, pour ainsi dire, vers le commerce des Indes orientales, ne fût pas suffisante pour faire marcher toutes ces branches différentes qui le composent, ce serait une preuve qu’à ce moment-là ce pays n’était pas mûr pour ce commerce, et qu’il vaudrait mieux pour lui, pendant quelque temps, acheter des autres nations de l’Europe, même à un plus haut prix, les marchandises de l’Inde dont il a besoin, que de les importer lui-même directement des Indes orientales. Ce qu’il pourrait perdre par le haut prix auquel il achèterait ces marchandises ne pourrait guère équivaloir à la perte qu’il aurait à essuyer en détournant une forte partie de son capital de quelques autres emplois plus nécessaires, ou plus utiles, ou mieux assortis à sa situation et à ses circonstances particulières, que ne le serait un commerce direct aux Indes orientales.

Quoique les Européens possèdent, tant sur la côte d’Afrique que dans les Indes orientales, une quantité d’établissements considérables, ils n’ont cependant encore fondé ni dans l’une ni dans l’autre de ces contrées d’aussi nombreuses et d’aussi florissantes colonies que celles des îles et du continent de l’Amérique. Cependant l’Afrique, aussi bien que plusieurs des pays compris sous le nom général d’Indes orientales, sont habités par des nations barbares. Mais ces peuples n’étaient pas, à beaucoup près, aussi faibles ni aussi dépourvus de moyens de défense que les malheureux Américains, et ils étaient, d’ailleurs, bien plus nombreux proportionnellement à la fertilité naturelle du sol. Les nations les plus barbares de l’Afrique ou des Indes orientales étaient dans l’état pastoral ; les Hottentots mêmes étaient un peuple pasteur. Mais les naturels de tous les pays de l’Amérique, à l’exception du Mexique et du Pérou, n’étaient que des chasseurs, et il y a une différence immense entre le nombre de pasteurs et celui de chasseurs que peut faire subsister une même étendue de territoire également fertile. Ainsi, dans l’Afrique et dans les Indes orientales, il était plus difficile de déplacer les naturels et d’étendre les colonies européennes sur la plus grande partie des terres des habitants originaires. En outre, comme on l’a déjà observé, le régime et l’esprit des compagnies exclusives ne sont pas favo-