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En Espagne et en Portugal, les mauvais effets du monopole, aggravés par d’autres causes, ont peut-être, à peu de chose près, fait plus que contre-balancer les bons effets naturels du commerce des colonies ; ces causes, à ce qu’il semble, sont des monopoles de différentes sortes : la dégradation de la valeur de l’or et de l’argent au-dessous de ce qu’est cette valeur dans la plupart des autres pays ; l’exclusion des marchés étrangers causée par des impôts déraisonnables sur l’exportation, et le rétrécissement du marché intérieur par des impôts encore plus absurdes sur le transport des marchandises d’un lieu du royaume à l’autre ; mais, par-dessus toutes choses, c’est cette administration irrégulière et partiale de la justice, qui protège souvent le débiteur riche et puissant contre les poursuites du créancier lésé, ce qui détourne la partie industrieuse de la nation de préparer des marchandises pour la consommation de ces grands si hautains auxquels elle n’oserait refuser de vendre à crédit, et dont il serait ensuite si difficile de se faire payer.

En Angleterre, au contraire, les bons effets naturels du commerce des colonies, aidés de plusieurs autres causes, ont surmonté en grande partie les mauvais effets du monopole. Ces causes, à ce qu’il semble, sont la liberté générale du commerce, qui, malgré quelques entraves, est au moins égale et peut-être supérieure à ce qu’elle est dans tout autre pays, la liberté d’exporter, franches de droits, presque toutes les espèces de marchandises qui sont le produit de l’industrie nationale à presque tous les pays étrangers, et ce qui est peut-être d’une plus grande importance encore, la liberté illimitée de les transporter d’un endroit de notre pays à l’autre, sans être obligé de rendre compte à aucun bureau public, sans avoir à essuyer des questions ou des examens d’aucune espèce ; mais, par-dessus tout, c’est cette administration égale et impartiale de la justice qui rend les droits du dernier des sujets de la Grande-Bretagne respectables aux yeux du plus élevé en dignité et qui, par l’assurance qu’elle donne à chacun de jouir du fruit de son travail, répand sur tous les genres quelconques d’industrie le plus grand et le plus puissant de tous les encouragements.

Néanmoins, si le commerce des colonies a favorisé, comme certainement il l’a fait, les manufactures de la Grande-Bretagne, ce n’est pas à l’aide du monopole, mais c’est malgré le monopole. L’effet du monopole n’a pas été d’augmenter la quantité, mais de changer la forme et la qualité d’une partie des ouvrages de manufactures de la