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Il a été en partie retiré de ces branches de commerce par l’attraction qu’a exercée sur lui la supériorité du profit dans notre commerce des colonies, supériorité résultant de l’accroissement continuel de ce commerce, et de l’insuffisance continuelle du capital qui l’avait soutenu une année, à pouvoir le soutenir l’année suivante.

Il a été en partie exclu de ces branches de commerce par l’avantage que le taux élevé des profits qui a lieu en Angleterre donne aux autres pays dans toutes les différentes branches de commerce dont la Grande-Bretagne n’a pas le monopole[1].

Comme le monopole du commerce des colonies a retiré de ces autres branches de commerce une partie du capital anglais qui y aurait sans cela été employé, de même il y a poussé forcément beaucoup de capitaux étrangers, qui n’y seraient jamais entrés s’ils n’avaient pas été chassés du commerce des colonies. Dans ces autres branches de commerce, il a diminué la concurrence des capitaux anglais, et par là il a fait monter le taux du profit du négociant anglais plus haut qu’il n’aurait pu atteindre. Au contraire, il a augmenté la concurrence des capitaux étrangers, et par là il a abaissé le taux du profit du négociant étranger au-dessous de ce qu’il aurait été. Il a donc dû nécessairement à la fois, de ces deux manières, assujettir la Grande-Bretagne à un désavantage relatif dans toutes ses autres branches de commerce.

Mais peut-être, va-t-on dire, le commerce des colonies est plus avantageux que tout autre à la Grande-Bretagne et, en forçant d’entrer dans ce commerce une plus forte portion du capital de la Grande-Bretagne que celle qui s’y serait portée sans cela, le monopole a tourné ce capital vers un emploi plus avantageux à la nation que tout autre emploi qu’il eût pu trouver.

La manière la plus avantageuse dont un capital puisse être employé pour le pays auquel il appartient, c’est celle qui y entretient la plus grande quantité de travail productif, et qui ajoute le plus au produit annuel de la terre et du travail de ce pays. Or, nous avons fait voir,

  1. Il est étrange que Smith ait avancé que le monopole du commerce des colonies nous a exclus de quelque branche productive du commerce européen, lorsque, à l’exception peut-être du commerce avec la France, nos relations avec les autres contrées étaient beaucoup plus grandes qu’elles n’avaient jamais été auparavant. Mac Culloch.