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ché, tantôt en imposant des droits plus forts sur les productions pareilles qui sont importées d’autres pays, et tantôt en accordant des primes à leur importation des colonies. C’est de la première de ces deux manières qu’elle donne sur son marché un avantage au sucre, au tabac et au fer de ses colonies ; et c’est de la seconde manière qu’elle favorise leur soie écrue, leur lin et leur chanvre, leur indigo, leurs munitions navales et leurs bois de construction. Cette seconde manière d’encourager les productions de la colonie par des primes à l’importation est, autant que j’ai pu m’en assurer, particulière à la Grande-Bretagne ; la première ne l’est pas. Le Portugal ne s’est pas contenté d’imposer des droits plus élevés sur l’importation du tabac de tout autre pays, mais il l’a prohibée sous les peines les plus rigoureuses.

Pour ce qui regarde l’importation des marchandises d’Europe, l’Angleterre a pareillement agi avec ses colonies d’une manière beaucoup plus généreuse que n’a fait toute autre nation.

La Grande-Bretagne accorde, sur les droits payés à l’importation des marchandises étrangères, la restitution d’une partie, presque toujours de la moitié, en général d’une plus forte portion, et quelquefois même de la totalité du droit, lorsque ces mêmes marchandises sont exportées en quelque pays étranger. Il n’était pas difficile de prévoir qu’aucun pays étranger indépendant ne les recevrait, si elles lui arrivaient chargées des droits énormes auxquels presque toutes les marchandises étrangères sont assujetties à leur importation dans la Grande-Bretagne. Par conséquent, à moins qu’une partie de ces droits ne fût rendue lors de l’exportation, c’en était fait du commerce de transport, commerce si favorisé par le système mercantile.

Mais nos colonies ne sont nullement des pays étrangers indépendants, et la Grande-Bretagne s’étant emparée du droit exclusif de leur fournir toutes les marchandises d’Europe, elle eût pu les obliger, comme les autres nations ont fait à l’égard de leurs colonies, à recevoir ces marchandises, avec la charge de tous les droits qu’elles payent dans la mère, patrie. Au contraire, jusqu’en 1763 on accorda, sur l’exportation de la plupart des marchandises étrangères à nos colonies, les mêmes drawbacks que sur l’exportation à tout pays étranger indépendant. À la vérité, en 1763, par le statut de la quatrième année de Georges III, chap. xv, on rabattit beaucoup de cette indulgence, et il fut statué : « Qu’aucune partie du droit dit l’ancien subside ne serait restituée pour toutes marchandises d’origine, production ou fabrique de l’Europe ou