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et c’est par ce tableau imposant et magnifique qu’il ouvre le cours de ses leçons. De là, remontant aux circonstances qui amènent et qui limitent cette division, il est conduit, par la suite de ses idées, à la définition des valeurs, aux lois qui les régissent, à l’analyse des divers éléments qui les composent, et aux rapports qui existent entre les valeurs de différentes nature et origine, toutes notions préliminaires qui devaient naturellement être exposées au lecteur avant de lui mettre sous les yeux la machine compliquée de la multiplication des richesses et de lui découvrir les prodiges du plus puissant de ses ressorts.

D’un autre côté, le fil des leçons est souvent interrompu par de longues digressions qui en font entièrement perdre la trace. Telles sont celle sur les variations de la valeur des métaux précieux pendant les quatre derniers siècles, avec un examen critique de l’opinion qui suppose que cette valeur va en décroissant (liv. I, chap. xi) ; celle sur les banques de circulation et sur le papier monnaie (liv. Il, chap. ii) ; celle sur les banques de dépôt, et en particulier celle d’Amsterdam, dont l’auteur expose les statuts et les opérations dans le plus grand détail (liv. IV, chap. iii) ; celle sur les avantages d’un droit de seigneuriage sur la fabrication des monnaies, insérée dans un chapitre intitulé : des Traités de commerce (liv. IV, chap. vi) ; enfin, celle sur le commerce des grains et sur la législation de ce commerce, tout fait étrangère à l’objet principal du livre dans lequel elle se trouve. Ces traités particuliers, dont chacun est peut-être le meilleur qui ait jamais été fait sur le sujet, sont cependant placés de manière à distraire l’attention du lecteur et à lui faire perdre de vue l’objet principal, et ils nuisent beaucoup à l’effet de l’ensemble. L’auteur ne s’est pas caché les inconvénients de ces digressions, et, en plusieurs endroits, il s’excuse de s’être trop écarté de son sujet, et il reconnaît même que sa digression eût dû être placée dans un autre endroit. On regrette que ces traités particuliers que l’auteur a voulu conserver n’aient pas été par lui rejetés à la fin de son ouvrage en morceaux détachés et par forme d’appendices.

Pour remédier, autant qu’il est en moi, aux difficultés que pourraient présenter à un grand nombre de lecteurs ces irrégularités dans la composition du livre de la Richesse des nations, et pour faciliter aux commençants l’étude de la doctrine de Smith, j’ai cru devoir in-