Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/586

Cette page a été validée par deux contributeurs.

municipaux et des conseils de ville. Ce fut pendant les malheureux règnes des princes de la maison de Souabe que la plupart des villes libres d’Allemagne reçurent les premières concessions de leurs privilèges, et que la fameuse ligue hanséatique commença à devenir formidable[1].

La milice des villes, dans ces temps-là, n’était pas, à ce qu’il semble, inférieure à celle des campagnes ; et ayant l’avantage de pouvoir être plus promptement rassemblée en cas de besoin urgent, il arriva souvent qu’elle eut le dessus dans ses querelles avec les seigneurs du voisinage. Dans les pays tels que l’Italie et la Suisse, dans lesquels, soit par rapport à leur distance du siège principal du gouvernement, soit par rapport à la force résultant de la situation naturelle du pays, ou par quelque autre raison, le souverain vint à perdre entièrement son autorité, les villes devinrent généralement des républiques indépendantes, et subjuguèrent toute la noblesse de leur voisinage, obligeant les nobles à abattre leurs châteaux dans les campagnes, et à vivre dans la ville, comme les autres habitants paisibles. Telle est en résumé l’histoire de la république de Berne, aussi bien que celle de plusieurs autres villes de Suisse. Si vous en exceptez la ville de Venise, dont l’histoire est tant soit peu différente, c’est l’histoire de toutes les républiques considérables d’Italie, dont il s’éleva et périt un si grand nombre entre la fin du douzième siècle et le commencement du seizième.

Dans les pays tels que la France et l’Angleterre, où, quoique l’autorité du souverain fut souvent très-abaissée, elle ne fut pourtant jamais entièrement détruite, les villes n’eurent pas d’occasion de se rendre tout à fait indépendantes. Elles devinrent néanmoins assez considérables pour que le souverain ne fût plus maître d’imposer sur elles, sans leur consentement, aucune taxe au-delà du cens fixe de la ville. On les appela donc aux assemblées des états généraux du royaume, où elles envoyèrent des députés pour se joindre au clergé et à la noblesse, quand il était question, dans les cas urgents, d’accorder au roi des secours extraordinaires. De plus, comme elles étaient, en général, plus disposées à favoriser sa puissance, il paraît que le roi s’est quelquefois servi de leurs députés pour contre-balancer l’autorité des grands seigneurs dans ces assemblées : de là l’origine de la représentation des communes dans les états généraux de toutes les grandes monarchies de l’Europe.

  1. Voyez Pfeffel.